Grande-Bretagne : Sunak s’attaque aux migrants15/03/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/03/2850.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : Sunak s’attaque aux migrants

Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak vient de présenter un nouveau projet de loi contre l’immigration dite illégale. À cette occasion, sa ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, a franchi un pas de plus dans l’ignominie.

Le texte présenté mardi 7 mars à la Chambre des communes prévoit d’interdire à tout migrant qui arriverait illégalement sur le sol britannique de formuler une demande d’asile. Tout arrivant illégal, homme, femme ou enfant, serait arrêté puis déporté vers un autre pays, par exemple le Rwanda, avec qui le Royaume-Uni a signé un accord à cet effet en 2022. Et il lui serait interdit à vie de demander l’asile à la Grande-Bretagne.

Le projet de loi vise d’abord celles et ceux qui tentent de rejoindre le pays en traversant la Manche à bord d’embarcations de fortune. Venus ­d’Afghanistan, d’Irak ou encore de Syrie, au nombre de 45 000 en 2022 et de 3 000 depuis le début de l’année, ils ont en commun de fuir une misère et des guerres dont les puissances impérialistes comme le Royaume-Uni sont les premiers responsables. Braverman en parle comme d’une « invasion », alors que son pays accueille deux fois moins de réfugiés que la France et trois fois moins que l’Allemagne ! En proportion de sa population, la Grande-Bretagne ne se classe d’ailleurs qu’au 19e rang en Europe pour ce qui est du nombre de demandeurs d’asile accueillis.

De telles dispositions seraient si brutales que le projet a suscité la réprobation, non seulement des associations de défense des migrants, mais aussi de différentes églises et du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, qui considère que la loi dérogerait au droit international. La réaction la plus remarquée outre-Manche a sans doute été celle de Gary Lineker. Star du foot des années 1990, celui-ci a tweeté, à juste titre, que la rhétorique de Braverman était « semblable à celle utilisée par l’Allemagne dans les ­années 1930 ». Pour ce tweet, la BBC l’a d’abord suspendu de ses fonctions de commentateur sportif, avant de le réintégrer, au vu du large soutien qu’il a reçu.

Le gouvernement anglais continuant de faire face à des grèves à répétition sur les salaires, essaie de détourner la colère des travailleurs britanniques contre plus pauvres qu’eux. Jusqu’à présent, cette instrumentalisation est tombée à plat. La meilleure réponse à cette démagogie antimigrants et finalement antiouvrière, ce sera la poursuite des luttes en cours, sur le terrain de classe qui est le leur.

Mercredi 15 mars, le gouvernement devait présenter son budget, qui ne comprend pas d’enveloppe pour répondre aux revendications salariales des salariés du public, mais est taillé sur mesure pour la bourgeoisie. Des employés des ministères aux enseignants en passant par les agents du métro londonien, les travailleurs étaient nombreux à prévoir d’être en grève et dans la rue ce jour-là.

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