Françafrique : l’impérialisme ne lâche pas sa proie01/03/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/03/2848.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Françafrique : l’impérialisme ne lâche pas sa proie

Avant de s’envoler pour sa tournée en Afrique, Emmanuel Macron a prononcé à l’Élysée un discours censé définir la politique de la France sur ce continent, faisant référence à un autre discours, prononcé en 2017 à l’université de Ouagadougou, la capitale du Burkina-Faso.

Macron avait ­annoncé alors des relations plus égalitaires entre la France et les pays africains. Entre-temps, la France a été délogée du Burkina-Faso, où les manifestations antifrançaises se sont multipliées et où son armée a dû plier bagage. Il faut donc croire que les relations « plus égalitaires » se faisaient attendre et c’est bien le problème. Enfiler les mots est une chose, mettre fin réellement au pouvoir de l’impérialisme français rejeté par la population en est une autre.

Macron devait visiter à partir du 1er mars le Gabon, l’Angola, la République ­démocratique du Congo (RDC) et le Congo-Brazza­ville. Même s’il prend soin de mettre en avant des sujets consensuels, comme la préservation de la forêt au Gabon, il lui faut avant tout préserver les intérêts de l’impérialisme français, et pour cela affermir ses liens avec les dictateurs en place. Au Gabon, c’est Ali Bongo, digne descendant de son père Omar, dont le clan règne sur le pays ­depuis 55 ans, financé par Total. Au Congo-Brazzaville, c’est Denis Sassou-Nguesso, président depuis 1997. Tous deux arrêtent et torturent sans pitié celles et ceux qui contestent leur pouvoir, pillent les caisses de l’État au point d’avoir été dans le collimateur de la justice française pour leurs « biens mal acquis » et doivent leur pouvoir et leurs richesses aux gouvernements français.

Autant dire qu’ils ne correspondent guère aux ­paroles de Macron pour qui, dans son discours, « la France est un pays qui soutient, en Afrique comme ­ailleurs, la démocratie et la ­liberté ». Mais qu’importent les mots ! Il ne faudrait surtout pas que, malgré les services rendus, ces dinosaures de la ­Françafrique se tournent vers d’autres protecteurs.

Concernant la présence militaire française en Afrique, Macron a voulu annoncer du changement. « Notre modèle ne doit plus être celui de bases militaires telles qu’elles existent ­aujourd’hui. Demain notre présence s’inscrira au sein de bases, d’écoles, d’académies qui seront cogérées, fonctionnant avec les effectifs français qui demeureront, mais à des niveaux moindres, et des effectifs africains. » Ce nouveau modèle évoque fortement l’ancien et en tout cas les grandes bases françaises de Libreville, Dakar, ­Djibouti ou Abidjan ne seraient pas fermées.

Enfin, il faut bien donner une apparence de concret à « l’humilité » que promet désormais Macron. Il envisage donc de rendre encore quelques œuvres d’art dérobées pendant la colonisation, comme il l’a déjà fait au Bénin. Rendre les produits des pillages d’hier peut toujours servir à consolider les affaires d’aujourd’hui.

« Il n’y a plus de ­pré carré de la France », affirme Macron. Il est vrai que l’impérialisme français ayant été éloigné de Centrafrique, du Mali et du Burkina-Faso, son pré carré est devenu plus réduit. Raison de plus pour continuer de s’y accrocher.

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