- Accueil
- Lutte ouvrière n°2848
- RATP : les JO comptent plus que les usagers
Dans les entreprises
RATP : les JO comptent plus que les usagers
La RATP vient d’annoncer un plan exceptionnel de recrutement de 6 600 salariés. Il concernerait des conducteurs de bus, de métro, des agents de station, de maintenance, de sécurité, des ingénieurs.
La RATP rompt donc avec la politique suivie depuis 2018, début d’un plan de 1 000 suppressions de postes négocié avec la région et sa présidente, Pécresse. Selon les derniers chiffres connus, les effectifs sont de 43 752 salariés, soit 1 000 de moins qu’il y a un an seulement !
Des années d’économies sur les effectifs et sur la maintenance ont dégradé le service aux voyageurs, réduit le nombre de bus et de métros, augmenté les délais d’attente pour les usagers, obligés de s’entasser toujours davantage et de partir plus tôt de chez eux.
Même avant le Covid, lorsque le service était à 100 %, le sous-effectif amenait la direction à solliciter continuellement les conducteurs de bus pour venir travailler sur leurs repos. Récemment, la situation s’était encore dégradée avec le gel des recrutements de conducteurs de bus et la vague de démissions qui a suivi une nouvelle dégradation brutale des conditions de travail.
Ces annonces susciteront peut-être un peu d’espoir du côté des usagers des transports, mais ce rétropédalage aujourd’hui de la part de la direction de la RATP est surtout dû à sa préoccupation de réussir la Coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux Olympiques en 2024. Il faut l’annonce de tels événements sportifs et l’attente de leurs retombées économiques pour que les choix de l’État derrière la RATP s’inversent !
Pour recruter, la RATP évoque « l’attractivité des salaires, la sécurité de l’emploi, et les possibilités d’évolution au sein du groupe ». Elle ne dit pas que les conducteurs de bus recrutés seront moins payés que leurs camarades, privés d’une réévaluation de 290 euros net mensuels accordée suite à l’augmentation récente du temps de conduite et à la perte de plusieurs jours de repos. Leur salaire ne sera que de 1 650 euros net sans les primes, avec des horaires changeant en permanence, sur une amplitude atteignant jusqu’à 13 heures. Quant à l’évolution dans le groupe RATP, il faut plutôt s’attendre au transfert vers des filiales, avec l’ouverture à la concurrence en 2025 qui attend les employés des dépôts de bus et de la maintenance.
Il semble que, pour les dividendes, le business des JO justifie de remettre un peu à flot les transports en commun parisiens. Mais il n’y aurait aucune raison d’accepter que, une fois ces événements sportifs passés, les recrutements soient gelés, des postes supprimés et les usagers réduits à leurs conditions habituelles de transport.