Taïwan : une créature de l’impérialisme10/08/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/08/2819.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Taïwan : une créature de l’impérialisme

Taïwan est une petite île de 30 000 km² située à moins de 200 km de la côte sud-est de la Chine. Habitée aujourd’hui par un peu plus de 23 millions d’habitants, elle est depuis plus d’un siècle un champ de manœuvre de l’impérialisme.

L’île a été longuement gouvernée par la Chine impériale avant de devenir en 1895, après la défaite de celle-ci face à l’impérialisme japonais naissant, une colonie du Japon. En 1945, après la défaite japonaise, les puissances impérialistes décidèrent que Taïwan serait rétrocédé au régime du Kuomintang et de Tchang Kaï-check. Cette dictature nationaliste s’était imposée en Chine au milieu des années 1920, mais elle était alors contestée par la puissante révolte paysanne, menée par le Parti communiste chinois.

Dès 1945, l’état-major américain fit de Taïwan une base militaire, équipant et entraînant les divisions du Kuomintang envoyées sur le continent pour tenter d’endiguer l’avancée des troupes communistes de Mao Tsé-toung. Dans un premier temps, la population de l’île accueillit avec soulagement le départ des colonisateurs japonais. Mais à la place s’installèrent l’arbitraire, la corruption et la brutalité de l’appareil du Kuomintang qui, comme en Chine continentale, n’avait d’autre souci que celui de se remplir les poches en se payant sur l’habitant.

La population taïwanaise fut ainsi poussée à la révolte. Le 27 février 1947, une exaction de plus de la police du Kuomintang mit le feu aux poudres. Les manifestations se multiplièrent pendant deux semaines. Mais à partir du 8 mars, les troupes fraiches du Kuomintang arrivées de Chine continentales eurent le dessus. Pendant une semaine, nuit et jour, elles se livrèrent à des exécutions à la chaîne, passant par les armes tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin. Ce bain de sang aurait fait entre 10 000 et 30 000 morts.

En 1949, l’île put ainsi devenir, sous la protection des troupes américaines, le dernier refuge des troupes nationalistes battues sur le continent par celles du Parti communiste. Le Kuomintang et Tchang Kaï-check imposèrent une dictature féroce à la population taïwanaise. Pendant quarante années, une période qualifiée de « Terreur blanche », 140 000 personnes furent emprisonnées pour leurs sympathies pour le Parti communiste chinois ou pour leur opposition au gouvernement nationaliste. Entre 3 000 et 4 000 d’entre elles furent exécutées. Et l’île devint un bagne pour la classe ouvrière.

Les États-Unis financèrent en grande partie le développement de la bourgeoisie locale et de son industrie. Cela se fit à coups de milliards de subventions directes, qui venaient s’ajouter à l’aide militaire américaine et aux retombées sonnantes et trébuchantes de la guerre du Vietnam. Taïwan servit de base de repli permanente pour les troupes américaines pendant toute la durée du conflit, en même temps que d’atelier de pièces détachées pour ses équipements et de principal fournisseur de vivres.

La loi martiale ne fut levée qu’en 1987 permettant au régime de se donner une façade démocratique à partir des années 1990. Aujourd’hui, le Kuomintang n’est plus au pouvoir mais dans l’opposition. La bourgeoisie taïwanaise a grandi et prospéré sous la protection de l’impérialisme et grâce aux marchés et aux capitaux qu’il lui a fournis. Elle a pu trouver un certain consensus au sein de la fraction de la population qui jouit d’un niveau de vie plus élevé qu’en Chine continentale. Mais l’appareil d’État qui la protège, avec ses nervis, est toujours celui de la dictature.

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