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- Lutte ouvrière n°2819
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Dans les entreprises
Travailleurs sans papiers : régularisation !
Les travailleurs sans papiers de RSI Gennevilliers, DPD Coudray-Montceaux, Chronopost Alfortville, rejoints par des dizaines d’autres dans les mêmes conditions, continuent leur lutte pour obtenir leur régularisation depuis plus de dix mois et sont sur les piquets de grève devant ces trois entreprises.
Bien que certains aient depuis obtenu les justificatifs demandés par l’État, ce sont les préfectures qui refusent de traiter les dossiers pour l’attribution des titres de séjour. Le ministère du Travail, la Direction générale des étrangers, ont tour à tour promis de donner une suite mais rien ne s’est passé.
Les déclarations du ministre Darmanin assimilant délinquance et immigration, l’annonce d’un grand débat et d’un projet de loi sur l’immigration, ne font que préparer des conditions plus difficiles pour eux. Dans l’immédiat, elles se sont traduites par une présence policière provocante et du harcèlement lors de leurs manifestations.
En leur refusant la régularisation, l’État maintient les travailleurs sans papiers dans une situation qui permet aux patrons de les surexploiter. Contraints de se cacher pour aller travailler, d’éviter les contrôles de police, ils vivent dans une précarité totale et sont employés hors des règles normales. Ce sont des horaires invivables, des temps partiels, des heures non payées, le vol sur les feuilles de paye, des accidents du travail non reconnus et des arrêts maladie impossibles. Ils sont corvéables à merci mais quand ils réclament ou protestent, c’est la fin de mission ou le licenciement immédiat sans droits ni indemnités, faute de « papiers » en règle !
Ce système d’exploitation des sans papiers permet aux entreprises du bâtiment et travaux publics et également aux sociétés du colis et de la logistique, même contrôlées par l’État comme celles du groupe La Poste, d’exploser leurs bénéfices avec le développement du commerce en ligne ! Cela s’effectue au travers de toute une cascade de sous-traitants et d’agences d’intérim.
Il y a quelques mois, la direction de La Poste a dû reconnaître que des salariés sans papiers avaient travaillé sur plusieurs sites mais au lieu de leur fournir les documents pour leur régularisation, elle a rompu le contrat avec son sous-traitant Derichebourg, fournisseur de main-d’œuvre sur ces sites.
On retrouve ces travailleurs sans-papiers dans les secteurs de l’économie où les conditions de travail sont les plus dures et les salaires les plus bas : ce sont les chantiers du bâtiment, nombreux en ce moment en Île de France avec les constructions à l’approche des Jeux olympiques ou du Grand Paris Express, le nettoyage, le ramassage des déchets, la logistique, les transports, les abattoirs, la récolte des fruits, les auxiliaires de vie, etc.
Ces travailleurs sont une partie intégrante de la classe ouvrière, la partie la plus exploitée. Leur situation en fait des travailleurs sans titre dont rien ne garantit les salaires ni les droits qui peuvent être bafoués par les patrons. Leur combat concerne toute la classe ouvrière.