Dans le monde

Pays-Bas : la chasse aux pauvres fait tomber le gouvernement

Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, et son gouvernement ont démissionné le 15 janvier. Cela fait suite à la publication en fin d’année d’un rapport parlementaire sur le traitement subi par de nombreuses familles pauvres ayant droit aux allocations familiales.

De 2011 à 2019, l’administration fiscale a en effet accusé faussement des milliers de familles de fraude aux allocations. 26 000 personnes ont ainsi été obligées de rembourser des sommes de plusieurs milliers d’euros auxquelles elles avaient pourtant droit.

À présent, le gouvernement promet de les indemniser à hauteur de 30 000 euros sous quatre mois. Mais cela n’effacera pas les effets de cette chasse aux pauvres, qui a plongé des familles dans la misère et entraîné des drames. Rutte lui-même a admis que « des innocents ont été criminalisés, leurs vies ont été détruites ».

En fait, les coalitions dominées par droite et dirigées par Rutte depuis 2010 faisaient des immigrés des boucs émissaires : une partie des familles accusées de fraude étaient binationales et faisaient l’objet d’un fichage ethnique. Le dirigeant du Parti travailliste, Lodewijk Asscher, avait d’ailleurs participé à la mise en œuvre de cette politique de 2012 à 2017, quand il était ministre des Affaires sociales et vice-Premier ministre du second gouvernent de coalition de Rutte. Suite à la révélation du scandale des allocations familiales, Asscher a dû abandonner la direction de son parti début janvier.

La démission du Premier ministre conservateur s’est effectuée sous la menace d’un vote de défiance au Parlement. Mais Rutte va continuer à gérer les affaires courantes, avant des élections législatives prévues dans deux mois qu’il espère remporter pour se maintenir au pouvoir. Cette démission se réduira peut-être à une manœuvre électorale.

Il reste que ce sont tous les partis, de la droite au centre-gauche, qui partagent la responsabilité de cette politique antipauvres et anti-immigrés.

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