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Leur société
Rachat de Carrefour : Le Maire joue le Cid
Les services du ministère de l’Économie et les médias les plus complaisants ont donné une version très édulcorée de la tentative de rachat de Carrefour par le groupe canadien Couche-Tard.
Bruno Le Maire se serait opposé à l’opération pour défendre l’emploi et la sécurité alimentaire de la France. Carrefour étant le plus gros employeur privé du pays avec 100 000 salariés et contrôlant 20 % du marché de l’alimentaire, le groupe, dit le ministre, ne saurait tomber dans des mains étrangères. Marseillaise, applaudissements, remerciements, émotion, et voilà Bruno Le Maire intronisé défenseur de la caissière de supermarché et de qui veut manger français.
La pièce est cousue de fil blanc. Non seulement les ministres n’ont jamais défendu et encore moins sauvé le moindre emploi lorsque des patrons étaient décidés à les sacrifier, mais les emplois ne sont pas mieux garantis par les capitalistes français que par leurs concurrents étrangers. Les premiers tueurs d’emplois sur le territoire, ces trente dernières années, sont PSA, Renault et La Poste. Ces dernières années, le groupe Carrefour lui-même a supprimé 4 000 emplois.
Pour illustrer sa conception de la sécurité alimentaire, Le Maire a rappelé que Carrefour avait continué à vendre des pâtes et du riz pendant le confinement. Comme tous ses concurrents, le groupe a même vendu davantage dans cette période, faisant prendre tous les risques aux salariés et ne sécurisant que les profits.
Le Maire, haut fonctionnaire sous Chirac, ministre sous Sarkozy, ténor de la droite rallié à Macron et récompensé par ce poste, n’ignore rien de tout cela, mais il profite de l’occasion pour prendre une pose. Il est pourtant difficile de croire que la petite saynète se soit jouée sans l’autorisation des actionnaires principaux de Carrefour, qui sont deux familles très puissantes, les Moulin, également principaux actionnaires des Galeries Lafayette, et Arnault, l’homme le plus riche de France. L’intervention du ministre, en plus de servir ses ambitions, était-elle destinée à faire monter les enchères ? À moins que la comédie ne fasse que préparer l’entrée en scène d’un troisième larron.
Une chose est certaine, Le Maire n’est certainement pas intervenu pour protéger les 100 000 salariés de Carrefour, qui auront de toute façon à défendre leurs emplois, quels que soient le nom de l’entreprise et la nationalité de l’actionnaire principal.