Séparatisme : une loi pour diviser20/01/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/01/P3-1_2019_11_10_Manif_contre_Islamophobie_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

Séparatisme : une loi pour diviser

L’examen du texte de loi « confortant les principes de la république » par les 70 députés de la commission spéciale a débuté lundi 18 janvier. L’intitulé précédent, qui visait clairement les musulmans en parlant de séparatisme islamiste, a été abandonné.

Illustration - une loi pour diviser

Reste un texte aux objectifs politiciens, dont l’adoption devrait permettre au gouvernement Macron de plaire à l’électorat xénophobe, au nom de la lutte contre le terrorisme.

Censés lutter contre la division que voudrait imposer « l’entrisme communautariste d’inspiration islamiste », les 51 articles du projet reprennent pour l’essentiel des dispositions existantes. Ainsi, la loi exige déjà un engagement à respecter les principes républicains de la part des associations touchant des subventions, et des poursuites sont prévues contre les auteurs d’appels au meurtre relayés publiquement par les réseaux sociaux.

Si elle permet une bataille politicienne – pas moins de 1 721 amendements ont été présentés – on ne voit pas pourquoi une nouvelle loi permettrait, plus que l’arsenal précédent, de barrer la route aux courants intégristes qui militent dans les milieux musulmans. Pour tenter d’enrégimenter une partie des habitants et de la jeunesse des quartiers populaires, ils pourront par contre s’appuyer sur la révolte et les frustrations de ceux qu’on montre du doigt pour leur religion supposée.

La nouvelle loi n’empêchera aucun attentat barbare, mais elle devrait permettre une surveillance accrue des individus et des associations. L’inscription au Fichier des auteurs d’infractions terroristes (FIJAIT) sera élargie à toute personne dont les déclarations auront été jugées « provoquant à l’acte terroriste » ou en faisant l’apologie. Quant aux associations, elles pourront être interdites pour les propos ou agissements imputés à leurs membres, avec tout l’arbitraire que cela peut comporter.

Macron a pu se vanter d’être parvenu à faire signer une « charte des principes de l’islam de France » aux représentants de la majorité des fédérations composant le Conseil français du culte musulman. En approuvant cette charte qui affirme par exemple que le racisme d’État « ne recouvre aucune réalité en France », ses signataires semblent surtout préoccupés de leurs bonnes relations avec le pouvoir.

La nouvelle loi, même agrémentée d’une charte de l’islam de France et de principes de la république, ne fera pas barrage à l’influence croissante des tendances intégristes islamistes, voire terroristes. D’abord parce que c’est le gouvernement lui-même qui piétine les principes d’égalité, de liberté et de fraternité dont il se gargarise. En abandonnant les quartiers pauvres et leurs habitants à leur sort, il ouvre un espace à toutes ces tendances.

Les travailleurs, quelles que soient leur religion, leur couleur de peau ou leur nationalité, ne doivent compter sur personne d’autre qu’eux-mêmes pour lutter contre le poison de la division, et ils y ont un intérêt vital, que ce poison soit répandu par les racistes et xénophobes d’un côté, ou par les intégristes religieux de l’autre.

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