Dans les entreprises

Marcy l’Étoile : en retard sur les vaccins, pas sur les profits !

« La direction nous annonce 0 % d’augmentation de salaire, alors que le groupe continue de faire des milliards de profits. Et après, ils nous donnent des mugs et des chocolats pour nous souhaiter la bonne année ! Ils nous prennent pour qui ? »

C’est cette colère, face au mépris de la direction du groupe Sanofi-Pasteur, qu’ont exprimée 150 travailleurs du site de Marcy-L’Étoile près de Lyon, rassemblés devant le self mardi 19 janvier. Plusieurs centaines de salariés, parmi ceux qui ne sont pas en télétravail, ont débrayé quelques heures ce jour-là, à l’appel de plusieurs syndicats, dont la CGT, la CGC et la CFDT. Il y a en effet de quoi être en colère. Depuis des années, Sanofi touche des milliards d’euros d’argent public. Le groupe a reçu en dix ans 1,3 milliard d’euros rien qu’en crédit d’impôt. Il faut ajouter les 200 millions apportés par Macron lors de sa visite à l’usine en juin dernier.

Les travailleurs de Sanofi constatent que cet argent de l’État, qui manque aux hôpitaux ou à l’école, ne va pas dans leur poche. Comme l’affirme une gréviste : « Cela fait plusieurs années consécutives que la direction annonce des augmentations nulles de salaire, alors que les tâches demandées sur nos fiches de poste ne cessent d’augmenter ! »

Il n’y a pas d’embauches non plus. En pleine crise sanitaire, le producteur de vaccins supprime près de 400 postes en R&D (Recherche et Développement) et ne recrute pas dans la production. C’est même l’inverse : sous prétexte de préparer la production du vaccin contre le Covid‑19, un nouveau plan de lean managment a été mis en place sur le site de Marcy il y a quelques mois. Le but est d’accélérer les cadences, de chronométrer les temps de pause des salariés, de leur mettre davantage la pression. Alors qu’il y a six millions de chômeurs, Sanofi préfère faire travailler davantage les salariés plutôt que d’embaucher !

La direction de Sanofi se comporte comme tous les groupes industriels : elle encaisse l’argent de l’État tout en supprimant des postes à tire-larigot et en volant les RTT. Comme le disait un gréviste : « On voit bien qu’avant de faire des vaccins, Sanofi fait avant tout du fric ! » Alors que l’épidémie continue, alors que de plus en plus de monde souhaite se faire vacciner, cette Big pharma se montre incapable de produire un vaccin pour répondre aux besoins sanitaires de la population. Il serait donc vital que les outils de production et la fabrication de médicaments ou de vaccins ne soient ni dans les mains des capitalistes ni dans celles de ceux qui gèrent leurs intérêts à la tête de l’État, mais sous le contrôle direct des travailleurs.

Pour l’immédiat, ceux qui ont débrayé le 19 janvier voient bien qu’ils doivent se préparer à lutter pour défendre leurs emplois et des conditions de travail correctes, dans un groupe pourtant plein aux as !

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