PSA Mulhouse et Sochaux : la grève des travailleurs de STPI21/10/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/10/P12-1_Rassemblement_grevistes_STPI_PSA_Sochaux_et_Mulhouse_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C800%2C450_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA Mulhouse et Sochaux : la grève des travailleurs de STPI

Le 14 octobre, le directeur de STPI (Société de techniques de propreté industrielle) s’est rendu à l’usine PSA de Mulhouse parce qu’une vingtaine de salariés l’attendaient avant la prise du travail.

Illustration - la grève des travailleurs de STPI

STPI, sous-traitant du nettoyage industriel, est une filiale du groupe Veolia qui compte 300 travailleurs dans les usines PSA de Sochaux et Mulhouse. Certains d’entre eux n’avaient pas eu d’augmentation depuis quinze ans. Pour tous, il était juste question d’un repositionnement sur la grille des salaires. Le directeur, avec beaucoup de mépris, leur a répondu qu’il ne faisait que respecter la loi et la convention collective, que la prime d’ancienneté était là pour compenser. C’était : circulez, il n’y a rien à voir !

« Il aurait suffi qu’il donne un peu d’espoir et dise qu’il va réfléchir pour donner une réponse plus tard », a dit un travailleur. Mais là, beaucoup ont pris ses paroles comme une insulte. Sur trente ouvriers du secteur de l’évacuation des emballages vides, vingt-cinq ont déposé les clés des engins et téléphoné tout de suite à leurs camarades du même secteur à Sochaux pour leur demander de refuser de venir les remplacer.

À Sochaux, leurs camarades se sont mis en grève aussitôt à une trentaine d’ouvriers de STPI, sur les cinquante chargés de l’évacuation des emballages vides de la production, comme à Mulhouse, avec pour revendications 300 euros, un treizième mois, une prime d’équipe, l’embauche en CDI des intérimaires et CDD, et l’amélioration des conditions de travail. La direction STPI a fait venir des travailleurs de Paris et remplacé des grévistes par des intérimaires. Les grévistes, eux, ont continué à se réunir tous les jours et à voter la poursuite de la grève, ils se sont adressés par tracts aux travailleurs de PSA Sochaux. Des ouvrières de STPI du nettoyage ont rejoint la grève ainsi que des travailleurs sous contrat précaire. Ils ont préparé des pancartes avec leurs revendications, mais l’encadrement et ceux des services de sécurité de l’usine leur ont barré l’accès des ateliers du Montage. À Mulhouse, les grévistes ont pu défiler dans les ateliers.

Avec des salaires de 1 300 à 1 500 euros par mois, des conditions de travail de plus en plus pénibles et des pressions pour en faire toujours plus, ce n’était plus possible. À Sochaux, la direction de STPI a dû s’engager à recruter des travailleurs dans toutes les équipes. Elle, qui disait impossible de parler salaires avant 2021, a finalement convoqué les syndicats à trois réunions pour en parler. Deux ouvriers de Sochaux et Mulhouse, élus par les grévistes, y ont assisté. Les grévistes des deux usines PSA étaient plus de 50 le 19 octobre devant le siège de STPI où se tenaient ces réunions. Ils ont d’abord voté ensemble le refus des propositions patronales : paiement d’un jour de grève et 200 euros de prime par an sur trois ans, puis trois jours de grève payés et 250 euros de prime sur trois ans.

Après de nouvelles propositions de la direction mardi 20 octobre, près d’une quarantaine de grévistes des deux usines ont voté pour la reprise. Ils ont obtenu le paiement intégral de la journée en travaillant de la fin de la matinée jusqu’à 15 heures, deux jours de grève payés au lieu d’un, une prime passée de 250 à 300 euros par an sur trois ans, et la mise en place d’une permanence pour les problèmes de paies.

Les grévistes ont repris la tête haute. Pour la première fois, ils ont décidé eux-mêmes de la conduite de leur mouvement, fait grève sur deux usines en même temps, pris des décisions concertées et communes. Ils ont su se faire respecter et c’est ensemble qu’ils ont décidé la reprise du travail.

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