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Leur société
Otages au Mali : les mensonges du général
À son retour en France le 9 octobre, après avoir été détenue pendant quatre ans au Mali par un groupe armé se revendiquant d’al-Qaida, Sophie Pétronin a refusé de qualifier ses ravisseurs de terroristes et a révélé sa conversion à l’islam.
Les opinions défendues par l’humanitaire de 75 ans rendaient délicat pour les pouvoirs publics l’instrumentalisation de sa libération.
Qu’elle n’ait pas repris à son compte la propagande habituelle de l’État français sur la « guerre contre le terrorisme » a fortement déplu au chef d’état-major des armées, le général Lecointre, froissé que les adversaires des militaires que la France envoie au Mali soient mis par l’ex-otage sur le même plan que son armée. D’après lui, celle-ci ferait preuve d’une éthique exigeante, contrairement aux djihadistes.
Que les groupes armés djihadistes au Sahel soient capables de toutes les violences, même contre les populations dont ils se prétendent les représentants et qu’ils veulent soumettre à leur domination, cela ne fait aucun doute. Mais qui peut croire que la conduite des soldats français déployés sur le sol africain est dictée par une morale et des considérations humanitaires ? L’armée française a un long passé d’exactions et même de massacres qui ne rend guère crédible un officier français parlant d’éthique. Parfois un coin du voile se lève sur la réalité de l’intervention française pour les populations : ainsi, en 2017, des soldats français ont tué un enfant, puis l’ont enterré en catimini. En septembre de cette année, un Malien a été tué et deux autres blessés par des tirs français parce que, selon l’état-major, leur bus ne s’était pas arrêté à un barrage.
Même quand le général Lecointre prétend que la prise d’otages est contraire à l’éthique de l’armée française, ce que dit la presse des 200 prisonniers libérés en échange de Sophie Pétronin et des trois autres otages laisse songeur : mêlés à des djihadistes avérés, il y avait des paysans raflés qui, de toute évidence n’étaient pas des combattants. Au Mali, et plus largement au Sahel, l’armée française utilise les méthodes classiques d’une armée d’occupation, en s’appuyant notamment sur les supplétifs des armées du G5 Sahel, dont les exactions contre les populations, en particulier celles de l’armée malienne, ne sont, elles, un secret pour personne.