Mediapro : le ballon rond dans les filets de la spéculation21/10/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/10/2725.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mediapro : le ballon rond dans les filets de la spéculation

En 2018, Mediapro avait gagné le match contre Canal+ de Bolloré et Beinsport des émirs du Qatar, pour l’exclusivité de la retransmission des matchs de ligue 1 et 2 de football de 2020 à 2024.

Mediapro est un groupe audiovisuel espagnol appartenant à une holding détenue à 53,5 % par un fonds d’investissement chinois et à 22,5 % par un groupe publicitaire britannique. Le vendeur des droits, la Ligue de football professionnel (LFP), avait été alléché par les 814 millions d’euros que Mediapro promettait de verser chaque année, qui garantissait de « propulser le football français dans une autre dimension », sous-entendant que l’argent allait pleuvoir pour tout le monde.

Mais la chaîne Téléfoot créée par Mediapro pour la retransmission des matchs, n’a recueilli que 300 000 abonnements environ, alors que le distributeur comptait monter très vite à deux millions. Il est vrai que les 25 euros d’abonnement mensuel ont dû mettre hors jeu pas mal d’amoureux du ballon rond en ces temps de crise économique.

Mediapro refuse désormais de payer la deuxième tranche des droits télé, d’un montant de 172 millions d’euros, et demande à renégocier le contrat. La LFP n’écarte pas de remettre dans la partie les concurrents de Mediapro et en attendant, elle a annoncé avoir contracté un emprunt pour payer les clubs car une bonne partie d’entre eux, déjà privés des recettes de billetterie et de celles des transferts de joueurs, pourraient ne plus pouvoir payer les salaires et seraient au bord de la faillite. Seul le PSG n’est pas dépendant des droits télé, qui représentent seulement 9 % de ses revenus.

Depuis des années maintenant, la retransmission des matchs de football, championnats nationaux ou compétitions européennes est l’enjeu de batailles financières qui font gonfler les sommes mises en jeu par les distributeurs. Mediapro, dit-on aujourd’hui, ne possédait même pas les sommes qu’il avait garanties.

Cet imbroglio financier est bien à l’image de ce qu’est le football professionnel : une machine à fabriquer des profits, reposant en grande partie, comme le reste de l’économie, sur la spéculation.

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