Dans les entreprises

Renault : non aux suppressions d’emplois, répartir le travail entre tous !

Après les travailleurs de la Fonderie de Bretagne, après ceux de MCA à Maubeuge, ce sont ceux de l’usine de Choisy-le-Roi qui sont entrés en lutte, le 2 juin, contre les menaces des dirigeants du groupe Renault, confirmées lors du comité social et économique central (CCSE) du 28 mai.

Le constructeur automobile avait déjà lancé l’attaque grâce à des fuites à travers la presse, laissant entendre son intention de fermer trois usines en France, la Fonderie de Bretagne, Renault-Alpine Dieppe et Choisy-le-Roi, et de vider une quatrième, celle de Flins, de la plus grande partie de sa production. C’était un coup de tonnerre pour les milliers de salariés concernés, quel que soit leur contrat, CDI, CDD, mission d’intérim, embauchés par Renault ou par un sous-traitant.

Le plan d’économies de Renault n’était pas une surprise : Clotilde Delbos, directrice intérimaire après l’éviction de Carlos Ghosn, l’avait annoncé, en même temps que les résultats de l’entreprise pour 2019. Le bénéfice était négatif pour l’année, la perte affichée pour 2019 était de 141 millions d’euros. La belle affaire ! Non seulement le constructeur s’était alors vanté de disposer d’une trésorerie d’une dizaine de milliards, mais les profits accumulés pendant les dix années précédentes grâce au travail de 179 000 salariés dans le monde – auquel s’ajoute celui de dizaines de milliers d’autres travailleurs des sociétés prestataires, sous-traitantes et agences d’intérim – se montent à environ 25 milliards d’euros.

Jean-Dominique Senard, PDG de Renault et dirigeant de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, a maintenant annoncé que, pour la « survie de Renault », ses dirigeants prévoyaient 2,15 milliards d’euros d’économies sur trois ans (dont 1,5 dans la recherche et l’ingénierie) et 15 000 suppressions d’emplois à l’échelle mondiale, dont 4 600 en France, presque un emploi en CDI sur cinq. Se gardant bien d’évoquer les emplois détruits dans le reste de la filière, la « survie de Renault » implique pour le PDG des fermetures de sites, comme celui de Choisy-le-Roi où travaillent 260 salariés. D’autres sites sont sur la sellette, l’activité devant y être réorganisée, comme ceux de Dieppe, de Caudan, de Maubeuge ou celui de Flins où, à la fin de la Zoe électrique, plus aucun véhicule n’est programmé. Senard, invoquant une compétitivité retrouvée dans les usines et les bureaux d’étude, se garde de prononcer le mot licenciements, mais évoque des abandons de projets au Maroc, en Roumanie, en Corée, en Russie, en Turquie et Slovénie, et la fin de partenariats en Chine. Parallèlement, l’allié de Renault, Nissan, évoque la fermeture de l’usine de Barcelone, menaçant 3 000 emplois, rien que pour les CDI.

Du côté du gouvernement, le prêt garanti de 5 milliards d’euros au constructeur a été validé le 2 juin. « Renault a besoin de cet argent pour se reconstituer », a prétendu Bruno Le Maire.

Au sortir d’une rencontre à Bercy, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, a déclaré que l’usine de Maubeuge ne fermerait pas. 8 000 manifestants de MCA et de la ville l’ont d’ailleurs exigé dans la rue samedi 30 mai. L’usine de Maubeuge était encore présentée il y a peu comme un fleuron industriel pour la production du Kangoo. À l’usine de Flins, des responsables exigent de sortir de plus en plus de Zoe, voulant faire croire qu’un nouveau véhicule succéderait à l’électrique, en guise de récompense en quelque sorte. Il n’y a là que des mensonges, alignés pour gagner du temps.

Pour ce monde-là, celui des financiers et de leurs fondés de pouvoir en politique, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Se croyant fins tacticiens, ils annoncent des fermetures d’usines puis, faisant mine de reculer, des suppressions d’emplois, prétendument inévitables pour sauver l’essentiel. Mais l’essentiel, pour le monde du travail, ce n’est pas le losange ou l’image de marque, pas davantage le taux de profit capitaliste : c’est d’avoir un emploi quand le taux de chômage prend la fièvre, un salaire garanti quand les prix augmentent et que les traites s’accumulent !

Du travail, il y en a, de l’argent aussi. Dans cette guerre que les patrons de Renault ont engagée, les travailleurs des usines et des bureaux d’étude ont une arme, leur nombre. Ils devront imposer que le travail soit réparti entre tous, avec un salaire garanti, et qu’aucun travailleur, quel que soit son contrat, ne se retrouve privé de sa seule richesse : son emploi.

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