Haïti : chronique d’une hécatombe annoncée25/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2695.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Haïti : chronique d’une hécatombe annoncée

Le jeudi 19 mars, le président Jovenel Moïse a annoncé la présence du coronavirus à Haïti, avec deux personnes officiellement recensées.

D’emblée l’état d’urgence sanitaire était déclaré avec un ensemble de mesures comme la fermeture des écoles et des usines de la sous-traitance, de même qu’un couvre-feu de 20 heures à 5 heures.

On pourrait se réjouir de la rapidité de réaction si ce n’était pas en fait qu’une vaste comédie. La première réaction de la population fut la ruée vers les marchés publics, avec pour effet partout une montée des prix qui s’ajoute à la montée déjà induite, quelques mois plus tôt, par la lutte meurtrière des politiciens pour le pouvoir et le recours au marché noir par des propriétaires de supermarchés.

Les entreprises qui continuent de fonctionner ne prennent aucune mesure de protection pour les ouvriers. Elles ne respectent aucun protocole, mais cela n’empêche qu’à longueur de journée des recommandations sont lancées à la population larguée les mains vides. Il est facile, pour celui qui possède un réfrigérateur bien rempli d’appeler les travailleurs à rester chez eux le ventre vide.

Des mesures sont promises pour aider la population à combattre l’épidémie, mais personne ne s’attend à quelque chose d’un gouvernement qui jamais n’a pris la moindre mesure pour améliorer les conditions de vie d’une façon qui permettrait aujourd’hui de combattre un tant soit peu cette pandémie. Et comment se confiner quand les trottoirs vous servent de lit, comment se confiner quand il faut sortir tous les jours pour espérer trouver à manger ou chercher de l’eau ?

Les travailleurs et les masses populaires, c’est-à-dire la majorité de la population, vivent dans des quartiers surpeuplés, avec les détritus jonchant le sol, sans eau potable, sans électricité, sans éducation, sans accès aux soins

Les masses exploitées sont laissées les mains vides une fois encore devant une catastrophe annoncée, comme lors des cyclones qui à chaque passage font des milliers de morts. Cette fois, avec le Covid-19, les « experts » annoncent une mortalité supérieure au tremblement de terre de 2010 qui avait fait pourtant plus de 300 000 morts.

En Haïti, plus que le Covid-19, c’est le virus de l’exploitation capitaliste qui tue.

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