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Dans le monde
Réfugiés et Covid-19 : l’Union européenne aide la pandémie
Dans les jours précédant l’entrée en vigueur, lundi 23 mars, de la mesure de confinement général, le gouvernement grec avait décidé de restreindre les déplacements dans les camps de réfugiés des îles de la mer Égée pendant au minimum quinze jours pour lutter contre la diffusion de l’épidémie de coronavirus.
Ces mesures ne peuvent qu’aggraver la situation des 42 000 migrants dispersés sur cinq îles à proximité de la Turquie, déjà condamnés à vivre dans de véritables prisons à ciel ouvert.
Le camp de Moria, sur l’île de Lesbos, est le plus important. Placé sous le contrôle de la police et de l’armée, interdit aux journalistes, évacué des ONG, il concentrerait près de 20 000 personnes, entassées bien au-delà des limites de l’enceinte du camp militaire où il s’était ouvert en 2013.
Les conditions de vie du camp sont bien sûr un terrain favorable pour la propagation du virus. Un témoin raconte qu’à certains endroits il n’y a qu’un seul point d’eau pour 1 300 personnes et pas de savon. Des familles de cinq à six personnes dorment dans des espaces ne dépassant pas 3 mètres carrés.
Résultat de la politique de l’Union européenne, ces camps ont été ouverts pour trier les réfugiés, en accueillir au compte-gouttes en Europe et en renvoyer un maximum vers la Turquie en contrepartie de centaines de millions d’euros versées à Ankara. Médecins sans frontières a appelé les autorités grecques et celles de l’Union européenne à organiser l’évacuation du camp de Moria. Pour toute réponse, des grillages ont commencé à être installés comme enceinte aux habitats informels entassés par centaines.
L’épidémie de Covid-19 est un fléau supplémentaire pour les réfugiés des camps, qu’ils affronteront démunis de toute protection et de tout secours. En créant une telle situation, l’Union européenne aura rendu un grand service à la diffusion du virus qui, lui, ne tient compte ni des nationalités, ni des frontières, ni des barbelés.