Dans les entreprises

PSA – Mulhouse : la santé des profits d’abord

Dans les mesures annoncées par le préfet du Haut-Rhin, il y a aussi l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes. Ces mesures valent… tant que cela ne gêne pas les affaires des capitalistes. Ainsi à l’usine PSA de Mulhouse, qui emploie 6 000 travailleurs, la production continue comme d’habitude.

La direction a passé l’usine en niveau B, classification interne qui indique que des cas suspects sont recensés. Le nombre de travailleurs confinés chez eux, actuellement près de 50, augmente tous les jours, sans que l’on sache s’il y a un suivi. Elle a attendu une réunion CSE du 10 mars au soir pour informer qu’un travailleur, en arrêt depuis huit jours, était atteint et hospitalisé en réanimation. Entre poste de travail, vestiaire, self, covoiturage, il a nécessairement côtoyé d’autres travailleurs mais la direction refuse de donner des réponses. Elle refuse même de dire qui est concerné, ce qui empêche de prendre la moindre mesure pour protéger le personnel et pour tenter de faire barrage au virus.

Jusqu’au 10 mars, les consignes de la direction se bornaient à recommander de ne pas se serrer la main et de se laver les mains. Pour ce qui dépend d’elle par contre, à savoir augmenter les fréquences de nettoyage des sanitaires, des vestiaires et des autres locaux, et ajouter des effectifs pour toutes ces tâches, elle ne fait rien. Ainsi, dans un vestiaire du Montage où 220 travailleurs se changent, les douches ne sont nettoyées que deux fois par mois, les éviers deux fois par semaine, et le vestiaire lui-même est désinfecté… une fois par an !

Les travailleurs qui sont en poste n’ont pas le temps d’aller se laver les mains régulièrement, le gel hydroalcoolique n’a toujours pas fait son apparition dans les ateliers, et le changement des gants de travail se fait encore une fois par semaine – économies obligent. Si la direction ne prend pas de mesures, c’est simplement pour ne pas dépenser d’argent. Elle ose dire ouvertement que ce qui compte d’abord, c’est la continuité de la production ! En plus de mettre les ouvriers en danger, cela témoigne de son mépris social vis-à-vis d’eux.

Le mardi 10 au soir, elle a annoncé la fermeture des snacks et du restaurant central, demandé de ne plus passer par les vestiaires, mais d’arriver en bleu et de prendre sa température avant de venir.

Chaque jour qui passe, un peu plus de travailleurs se rendent compte que la direction ne prend aucune mesure sérieuse pour enrayer la propagation du virus. Ce qui intéresse le patron au premier chef, c’est de continuer de recevoir des pièces qui viennent du monde entier pour la fabrication des véhicules, et que les ouvriers continuent de venir au travail.

Dans le département, la fermeture des écoles entraîne une mesure exceptionnelle : les parents qui n’ont pas de solution de garde sont mis en arrêt directement par leur employeur. Sauf que la direction de PSA se garde bien d’informer sur le sujet, et laisse les salariés s’organiser comme ils le peuvent pour venir travailler.

Cette attitude est choquante et irresponsable. Même pour imposer à la direction les mesures d’hygiène et de protection minimales, les travailleurs devront se battre. Il s’agit de défendre leur peau, au sens littéral du terme. La direction montre chaque jour que rien ne viendra d’en haut. Mercredi matin 11 mars, une dizaine de travailleurs se sont mis en droit de retrait. Effectivement, pour protéger leur santé, comme pour leurs emplois et leurs salaires, les travailleurs ne pourront compter que sur leur lutte.

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