Ukraine : la démographie s’effondre, comme le reste11/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2693.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine : la démographie s’effondre, comme le reste

Qu’un pays perde plus du quart de sa population en trente ans n’est pas commun. C’est pourtant ce qui arrive à l’Ukraine, selon de récentes données fournies par son gouvernement.

Le pays ne compte plus que 37,3 millions d’habitants, soit 15 millions de moins qu’en 1991, lors de l’éclatement de l’URSS, quand des publicités qui se voulaient rassurantes proclamaient : « Non, tu n’es pas seul, nous sommes 52 millions ! »

Le chiffre actuel ne comptabilise pas les deux millions d’habitants de la Crimée ni les trois millions du Donbass, ces régions échappant au contrôle de Kiev depuis 2014. Mais, même sans cela, on constate que la population ukrainienne a fondu. Cela est dû au violent effondrement de son niveau de vie qui a résulté de la disparition de l’Union soviétique et du pillage du pays par les bureaucrates-mafieux, puis d’un chômage de masse car, l’industrie ayant été ravagée, des millions d’Ukrainiens ont émigré pour survivre. Cela a profité à la Pologne et à la Russie, mais aussi à l’Europe de l’Ouest où beaucoup se sont installés. Quant aux adultes restés sur place, l’avenir leur semble si mal assuré qu’ils font peu d’enfants. Au point que cela n’assure même pas le renouvellement des générations, tandis que le taux de mortalité a crû avec la disparition de la médecine gratuite et avec la pauvreté qui frappe plus du quart de la population.

Zelensky, le président ukrainien, l’a reconnu début mars en présentant son nouveau gouvernement. À cette occasion, il a déclaré que près de dix millions d’Ukrainiens vivaient en dessous du seuil officiel de pauvreté, déjà misérable, en laissant entendre que le gouvernement nommé par lui voici six mois, et qu’il vient de limoger dans sa presque-totalité, en portait la responsabilité, comme celle du marasme économique et de la corruption qui gangrène l’appareil étatique, ce que la population paie au prix fort. Car, si Zelensky s’est fait élire mi-2019 en se présentant comme quelqu’un de neuf et d’honnête qui allait « casser le système », il n’en a rien été. La seule chose qui a changé est le visage du président… et sa cote de popularité. Elle s’est effondrée en neuf mois. Et il est peu probable qu’elle se redresse, car la situation des classes laborieuses continue de se détériorer tant à la ville qu’à la campagne.

En effet, à peine élu, Zelensky a décidé de supprimer le peu qu’il restait de protection des travailleurs dans le Code du travail hérité de l’époque soviétique, ce qui provoque ici ou là des protestations, des grèves, des manifestations. Il a aussi fait passer une loi – réclamée à cor et à cri par les grandes puissances d’Europe et d’Amérique du Nord – qui autorise la vente de la terre aux étrangers. Cela concerne au premier chef les très fertiles « terres noires », où des sociétés céréalières occidentales, qui pour l’heure ne sont que locataires de la terre, auront désormais les mains plus libres pour surexploiter la main-d’œuvre agricole locale et pour « rationaliser » les cultures, en clair : pour supprimer des emplois.

Les mêmes causes sociales produisant les mêmes effets, la Moldavie, une petite ex-république soviétique située au sud-ouest de l’Ukraine, a perdu près de la moitié de sa population en trente ans. Ce phénomène frappe aussi la Bulgarie, la Roumanie, les pays Baltes, et même la Russie dont la population a fortement reculé depuis 1991, malgré l’afflux de millions de russophones qui vivaient ailleurs en URSS, puis d’un grand nombre de migrants originaires de l’ex-URSS.

Selon les projections de l’ONU, les dix pays au monde qui vont perdre le plus de population d’ici 2030 sont tous situés dans l’est et le centre de l’Europe. C’est une des nombreuses façons qu’ils ont de payer la disparition de l’URSS et, pour la plupart, leur retour dans le giron de l’impérialisme – ce qu’il y a trente ans les tenants du capitalisme présentaient à ces peuples comme la promesse d’un avenir radieux !

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