Leur société

Retraites : au patronat de financer !

Les deux premières séances de la conférence de financement du système de retraites, inventée par le gouvernement pour feindre de négocier face au refus de sa réforme, ont déjà eu lieu les 18 et 20 février.

Présenté de façon provocante par Édouard Philippe – trouvez-moi un financement, sinon j’applique l’âge-pivot – cet os à ronger jeté aux confédérations syndicales prêtes au dialogue ne débouchera évidemment sur rien qui soit dans l’intérêt des classes populaires. L’échéance fixée par Matignon est à la fin avril. La première séance, le 18 février, a consisté de la part du gouvernement à accréditer la fable du prétendu déficit des retraites, qui atteindrait 12 milliards d’euros par an en 2027. Laurent Berger de la CFDT, un des initiateurs de la conférence, qui disait attendre de la réforme une prise en compte de la pénibilité, en est jusqu’à présent pour ses frais et ne peut que dénoncer l’obstruction du Medef sur la question.

La CFE-CGC, qui se place pourtant dans une « démarche contributive », ne trouve rien à quoi contribuer. Quant aux dirigeants de FO et de la CGT, ils ne peuvent que constater publiquement, pour les premiers que « la barque prend eau de toute part », et pour les seconds que, de leur point de vue, il était hors de question d’accepter de discuter « de mesures de régression ». À deux doigts de claquer la porte, les dirigeants CGT se sont repliés, de même que les autres organisations signataires d’un communiqué commun à la suite des manifestations du 20 février, sur leur propre conférence, qu’ils organiseraient en mars. Celle-ci pourrait être le siège d’un « vrai débat contradictoire » en présence d’experts et d’économistes.

Pour le Medef, « au moins 90 % de l’effort doit porter sur l’âge », et il conclut sur son souhait de voir reculer l’âge de départ. De prise en compte de la pénibilité du travail, point, même pas pour faire mine de justifier les efforts de Laurent Berger.

À l’Assemblée où pendant ce temps la discussion continue, le 24 février, les députés ont voté majoritairement le premier des 65 articles du texte de la réforme. « Un grand bond en arrière ! », a lâché dans un lapsus révélateur une députée macroniste. Les soupirs agacés des députés LREM devant les milliers d’amendements déposés par l’opposition les ont sans doute empêchés d’entendre les slogans lancés le 20 février par les milliers de manifestants qui continuent de protester dans la rue contre cette attaque, toujours aussi impopulaire.

Le prétendu débat parlementaire, tout comme le prétendu dialogue souhaité par le gouvernement, ne sont depuis le début qu’une mise en scène. Cette conférence de financement en fait partie. Censée bon an mal an reprendre mi-mars, elle n’a aucun sens, le gouvernement ayant averti depuis le début qu’il imposera sa réforme et sa politique, au besoin à l’aide de l’article 49.3 de la Constitution. S’il y a un autre financement à rechercher au système actuel des retraites, c’est dans les poches des profiteurs du travail humain, les capitalistes, qu’il faudra le trouver. Quant à une loi votée par le Parlement, si elle finit par l’être, elle peut être abolie par la rue !

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