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Leur société
Le virus de la finance menace l’économie
« Coronavirus : les marchés dévissent », titrait en gros le journal économique Les Échos du 25 février. L’apparition de nouveaux foyers de contagion, en Corée du Sud et surtout dans le nord de l’Italie, a provoqué la panique des marchés financiers. Les Bourses européennes ont perdu 4 % en une journée. Le cours des actions des compagnies aériennes comme celui du pétrole a chuté partout dans le monde.
Ni le nombre de morts, qui reste très inférieur à celui des victimes annuelles de la grippe hivernale, ni les effets de l’épidémie sur les usines de production en Chine, et ses répercussions sur toute la chaîne économique mondiale, ne justifient une telle panique. Celle-ci est d’abord le symptôme d’une économie mondiale malade de la finance, où la croissance et les indices de production industrielle sont bas et où la confiance est en berne. Depuis la crise de 2008, l’injection massive de capitaux par toutes les banques centrales pour sauver les banques de la faillite, leur politique de taux d’intérêt proches de zéro, voire négatifs, les aides multiples consenties par tous les gouvernements aux capitalistes, alimentent un monopoly mondial. Les possesseurs de capitaux, ceux que les médias nomment les marchés financiers, sont sans cesse à la recherche du meilleur placement, de la meilleure opération spéculative. Ils utilisent chaque événement, chaque crise dans un pays ou un secteur économique, comme un terrain de jeu pour accroître leur fortune. Le Brexit, l’endettement de la Grèce ou de l’Argentine, les menaces de guerre au Moyen-Orient, les incendies géants en Australie ou en Amazonie, un hiver trop doux ? Ce sont autant de supports pour parier à la baisse ou à la hausse sur le cours du pétrole, du ciment ou du cuivre ; c’est une opportunité pour vendre telle monnaie ou telle action affaiblie par la crise du moment, pour acheter des bons du Trésor américains ou allemands réputés plus sûrs.
La transformation possible de l’épidémie de coronavirus, jusque-là localisée à la Chine, en une pandémie exacerbe la nervosité des marchés financiers. Elle offre, à ceux qui sauront anticiper avant les autres les effets de la propagation du virus, des occasions d’accroître un peu plus leurs fortunes, car on peut spéculer à la baisse des actions comme à la hausse. Ce faisant, ils aggravent encore l’instabilité du système. Chaque crise détruisant un peu plus la confiance que les capitalistes ont dans leur propre système, le coronavirus peut s’avérer fatal pour l’économie.
La rapacité de la finance est une menace bien plus grave que ce virus. Et le traitement pour éviter l’effondrement catastrophique de l’économie mondiale n’est pas médical. Il est social. Il exige d’arracher à la bourgeoisie irresponsable les leviers de commande de la société.