Iran : une abstention massive, désaveu du régime26/02/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/02/2691.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Iran : une abstention massive, désaveu du régime

Les élections législatives du vendredi 21 février en Iran ont été marquées par une abstention record, avec moins de 43 % de participation en moyenne dans le pays. Les députés favorables à l’ayatollah Khamenei, presque les seuls autorisés à se présenter, ont emporté 200 sièges sur 290.

Dans tous les pays, même ceux dits démocratiques, les élections sont un reflet très déformé de l’état d’esprit de la population. En Iran, parmi les déformations, outre le clientélisme et la corruption, il y a la censure exercée par le Conseil des gardiens de la révolution islamique, qui peut invalider les candidats qui lui déplaisent. Ainsi plusieurs milliers de candidats, en particulier ceux proches d’Hassan Rohani, le président de la République qui avait signé l’accord sur le nucléaire en 2015 avec les pays occidentaux, ont été écartés. Cela explique en partie l’abstention la plus massive qu’ait connue l’Iran depuis la fondation du régime islamique, il y a 40 ans. Celle-ci atteint même 75 % à Téhéran. L’un des effets de l’embargo décidé par Trump, après sa rupture unilatérale de l’accord sur le nucléaire, aura donc été de renforcer le poids des plus conservateurs au sein du pouvoir iranien.

L’absence de candidats dits modérés n’est pas la seule, ni peut-être la principale explication à la forte abstention. Rohani lui-même est largement déconsidéré. Il ne s’est opposé ni à la répression féroce des manifestants qui protestaient contre la hausse du prix du carburant en novembre dernier, ni au mensonge d’État après la destruction d’un Boeing transportant 176 passagers d’origine iranienne par un missile tiré par les Pasdaran. Bien des électeurs, en particulier à Téhéran parmi la petite bourgeoisie urbaine ou la jeunesse progressiste, qui avaient voté pour Rohani et les modérés en 2016, ont pu vérifier que leur vote n’avait rien changé.

Les classes populaires, quant à elles, subissent de plein fouet les effets de l’embargo, avec les pénuries et la flambée des prix. Ces fléaux s’ajoutent à la corruption, aux abus de pouvoir des dignitaires locaux du régime, à l’incurie des responsables face aux inondations et autres catastrophes naturelles, au vol de l’eau à la campagne, aux salaires non versés dans de nombreuses entreprises. Tout cela explique pourquoi la propagande des multiples institutions de la République islamique, leurs pressions et leurs chantages n’ont pas suffi à convaincre une majorité de la population iranienne d’aller voter.

L’abstention massive du 21 février confirme le rejet du pouvoir par une majorité de la population. La jeunesse et les classes populaires d’Iran ont montré ces dernières années leur courage pour le contester, malgré la répression. Ce qu’il faut leur opposer n’est pas le régime plus ou moins pro-occidental que souhaiteraient Trump et ses alliés, mais le pouvoir des travailleurs.

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