SNCF : la multiplication des pannes06/02/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/02/2636.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : la multiplication des pannes

Jeudi 31 janvier, le trafic en gare Montparnasse était à nouveau paralysé par une succession de pannes. Il s’agit de la quatrième panne géante à Montparnasse en 18 mois. La vétusté des installations est en cause, tout comme la suppression de nombreuses équipes d’intervention.

Vers 9 h, un incident électrique s’est produit sur les voies 1 et 2, stoppant la circulation le temps de la réparation. Des voyageurs se sont alors retrouvés sur les voies. À 11 h, à la reprise du trafic, un câble électrique d’une autre voie a dégagé de la fumée, nécessitant l’intervention des pompiers et l’arrêt des circulations sur quatre voies. Alors que les TGV étaient fortement retardés, le blocage d’un TGV à Massy a fini de paralyser la circulation. La SNCF a dérouté le trafic vers le Sud-Ouest sur Paris-Austerlitz et proposé aux voyageurs de reporter leur voyage au lendemain ! De nombreux trains ont eu plus de trois heures de retard et le trafic banlieue a aussi été impacté. Le trafic n’a repris que le lendemain, avec l’intervention de cheminots toute la nuit.

La veille, la situation avait été encore pire pour des voyageurs de la ligne B du RER. Le 30 janvier, une caténaire était arrachée sur la ligne B de la banlieue Nord, entraînant une situation cauchemardesque pour les passagers de six trains paralysés. Des milliers de naufragés ont été littéralement abandonnés en pleine voie. Ainsi, un voyageur a témoigné au Parisien avoir pris le RER à 21 h à l’aéroport de Roissy. Dix minutes plus tard, en rase campagne, une rupture d’alimentation a entraîné l’arrêt du train, la lumière a été éteinte, hormis une veilleuse, et le chauffage a faibli.

Au bout d’une heure, le conducteur prévient que le courant ne sera pas rétabli et que les passagers seront évacués sur la voie avec l’aide de cheminots appelés en renfort. Mais la SNCF n’envoie aucun renfort et le conducteur, aidé par des bonnes volontés, commence à faire descendre d’une hauteur de plus d’un mètre les passagers, dont de nombreuses familles avec des valises. Dans l’obscurité la plus totale, les voyageurs marchent sur les rails, se tordent les chevilles, traversant un tunnel jusqu’à la gare de Sevran-Beaudottes. Là, aucun bus n’est prévu. Résultat de la suppression d’effectifs, la gare est déserte : un seul cheminot est présent, livré à lui-même et n’ayant évidemment aucun moyen de venir au secours des passagers. La galère va ainsi continuer jusqu’au milieu de la nuit pour ceux qui veulent rejoindre leur domicile, la SNCF n’ayant affrété aucun bus.

Non seulement le réseau banlieue et particulièrement les installations électriques, sont hors d’âge, mais la politique de la SNCF, qui éclate tous les services en vue de la privatisation, ajoute en cas d’incident un capharnaüm monstre. L’information ne circule plus entre les équipes, les responsabilités sont diluées et les décisions différées. Les quelques cheminots présents en gare, conducteurs ou agents d’accueil, sont alors livrés en pâture aux voyageurs excédés et parfois violents. Cela a été le cas à la gare du Nord, le même soir, où trois cheminotes ont dû affronter la colère de centaines de voyageurs, dont certains ont passé la nuit devant la gare, faute de bus.

Encore plus que l’âge des caténaires, c’est la course au profit qui fait disjoncter la SNCF.

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