Mexique : 50 000 grévistes arrachent des augmentations06/02/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/02/2636.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mexique : 50 000 grévistes arrachent des augmentations

Matamoros, une ville mexicaine située à la frontière avec les États-Unis, concentre plus de 120 usines et 70 000 travailleurs. À la mi-janvier, des grèves ont arraché de meilleurs salaires et une prime.

À peine entré en fonctions en décembre dernier, le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, étiqueté à gauche, a annoncé une augmentation du salaire minimum, qui est passé de 88 à 103 pesos par jour (4,70 euros). Il a aussi mis en place une Zone libre de la frontière nord, une bande de terre de 25 kilomètres le long de la frontière avec les États-Unis, où sont installées des milliers d’usines sous-traitantes de l’industrie américaine, les maquiladoras, où le salaire minimum a été porté à 177 pesos par jour (8,10 euros). En échange de quoi, le patronat devrait bénéficier de fortes baisses d’impôts.

À Matamoros, la grève a éclaté quand les ouvriers de plusieurs usines ont constaté que leur salaire n’augmentait pas comme annoncé et que des patrons refusaient de payer des primes versées l’année précédente. Ils ont arrêté le travail malgré les menaces de licenciement, les pressions y compris du syndicat unique, et sans l’autorisation du Conseil fédéral de conciliation, qui décide du caractère légal ou pas d’une grève.

Des cortèges d’ouvriers sont allés d’usine en usine pour étendre la grève, former des piquets devant les portes et réunir des assemblées de grévistes au centre-ville. Les ouvriers se sont servis des réseaux sociaux pour se coordonner et, par défiance du dirigeant syndical local, ont préféré confier la direction de leur mouvement à une avocate de la ville de Ciudad Juarez. Ils exigeaient 20 % d’augmentation du salaire et une prime de 32 000 pesos (1 470 euros).

Certains patrons ont proposé des primes moindres, sans succès. Alors, comme dans tous les conflits sociaux, les patrons ont fait pression, agité la menace de licenciements et muselé la presse. Mais le 23 janvier, à sa conférence de presse matinale quotidienne, le président mexicain a dû répondre à une question sur ces grèves : « Il semble que les travailleurs aient débordé les dirigeants syndicalistes et que la situation soit devenue incontrôlable. » Et il a invité les ouvriers à chercher le compromis et la conciliation.

En même temps, ceux-ci avaient obtenu du syndicat qu’il lance un appel officiel à la grève pour le 25 janvier. Ce jour-là, plus de 50 000 grévistes ont été officiellement comptabilisés. Quelques jours plus tard, le patronat annonçait que 15 maquiladoras allaient fermer et quitter le pays, ce que la presse relayait en déclarant que les grèves allaient mettre au chômage des milliers d’ouvriers. Mais, les travailleurs ne cédant pas, les patrons ont finalement accordé 20 % d’augmentation des salaires et la prime de 32 000 pesos, dans une dizaine d’usines puis dans plus d’une quarantaine.

Les travailleurs grévistes se sont sentis encouragés par les annonces du président, mais c’est en ne comptant que sur leur propre force qu’ils ont obtenu satisfaction.

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