Cité Corot – Marseille : mal-logés, expulsés, à la rue19/12/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/12/2629.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Cité Corot – Marseille : mal-logés, expulsés, à la rue

Lundi 17 novembre, les habitants de la tour A de la Cité Corot ont été expulsés de leur logement suite à un arrêté municipal d’insécurité imminente émis fin novembre. Des bus les attendaient pour conduire les hommes seuls au gymnase Santi et les familles dans des hôtels.

Vers midi cependant des familles attendaient encore, sans solution, au pied de la tour A. Des hommes seuls, qui se trouvaient sur des chantiers lors de l’expulsion et qui auraient bien voulu pouvoir récupérer leurs affaires personnelles, attendaient également. Quant au gymnase, il est déjà bien rempli par les 130 personnes hébergées.

Les 96 logements de la tour A sont effectivement dans un état d’insalubrité totale, les rats y courent, des morceaux de plafond tombent dans les salles de bain, l’humidité et les moisissures forment de grandes plaques sur les murs. Poubelles et détritus ne sont pas ramassés depuis longtemps et s’empilent aux coins des bâtiments, le A et les autres. Une association de propriétaires et de locataires faisait le travail d’éboueurs pour essayer de limiter les dégâts.

Construite dans les années soixante, la cité de 375 logements s’est gravement dégradée. Dans cette copropriété, les appartements se répartissent entre propriétaires occupants et marchands de sommeil dont des groupes immobiliers comme Foncia.

Si des habitants ont tenté de s’opposer à cette dégradation, nombreux sont ceux qui n’ont pas payé les charges depuis des années, ou même ont disparu sans laisser d’adresse. Cela n’empêche pas des propriéraires de continuer à percevoir des loyers, entre 600 et 800 euros, en liquide. La situation était tellement détériorée que même les dealers, qui occupaient un étage, avaient déménagé définitivement après une descente de police.

Cette tour a servi de refuge à des réfugiés, des sans-papiers, en tout cas des sans-logis, dont de nombreuses femmes seules avec leurs enfants. Et cette évacuation doit aussi servir à l’administration à les repérer et leur rendre la vie encore plus difficile.

Les habitants de la tour C, qui n’est pas dans un meilleur état, devraient connaître le même sort dans quelque temps et rejoindre eux aussi les 1 600 et plus évacués du quartier de Noailles qui attendent toujours leur relogement.

Mais tels quels, ces logements pouvaient rapporter de l’argent. L’été dernier, Le bon coin publiait une annonce proposant « des logements sans eau ni électricité à payer. Visite après 20 heures uniquement. » Ainsi de petits margoulins, à leur échelle minable, tentaient de s’enrichir comme les gros promoteurs immobiliers.

Devant ces situations pourtant connues de tous, la municipalité, comme l’État, n’interviennent qu’à la toute dernière extrémité ; et encore, pas toujours, comme l’a prouvé la catastrophe de la rue d’Aubagne.

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