Saint-Denis : évacuation d’un immeuble19/12/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/12/2629.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Saint-Denis : évacuation d’un immeuble

Le 14 décembre, les habitants d’un immeuble ancien de 23 logements de la rue Catulienne à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, ont été expulsés en présence d’un huissier et de la police municipale.

Avec un délai de deux jours, ils ont été mis à la rue, par une température de 2 degrés, sans trêve hivernale, et dispersés dans des hôtels bon marché, bizarrement en dehors de la ville, d’Épinay à Ivry. La colère dominait parmi ces habitants, locataires ou propriétaires de leur petit logement, tous à revenus modestes, salariés ou retraités.

En septembre, la mairie a frappé cet immeuble d’un arrêté de péril imminent. Dès les travaux demandés réalisés, un deuxième arrêté a ordonné l’évacuation immédiate. Il ne s’agit pourtant pas d’un immeuble insalubre, et les propriétaires ne sont pas des marchands de sommeil.

Cet immeuble ancien, dont le réseau d’évacuation d’eau était défaillant, a subi un affaissement de la façade il y a plusieurs années. Un architecte maître d’œuvre a été nommé, ainsi qu’un bureau d’étude de structure. Des injections de résine sous pression ont été faites dans le sol et des travaux réalisés régulièrement. Cette copropriété n’est pas à l’abandon. La mairie le sait pertinemment puisque plusieurs réunions conjointes ont eu lieu, notamment pour les demandes de subventions. Alors pourquoi utiliser une législation qui vise à obliger des copropriétaires à entretenir leur bien quand ils ne le font pas, ce qui n’est pas le cas ici ?

Sous le coup d’un arrêté de péril, la capacité financière d’une copropriété se trouve fortement affectée. Les copropriétaires ne peuvent plus vendre, ni percevoir de loyers, ni recevoir les aides financière de l’État (l’Anah). Et dans le cas d’une évacuation, ceux qui louaient leur logement doivent payer les factures d’hôtel de leur locataire. Pour cet immeuble, les procédures d’urgence, imposant des travaux non prévus, ont vidé l’avance de 50 000 euros de la copropriété.

La législation prévoit que si les injonctions de faire les travaux ne sont pas réalisées par la copropriété, c’est la mairie qui doit s’y substituer. Mais souvent les municipalités ne font rien. Les immeubles se dégradent, les appartements sont rachetés les uns après les autres à bas prix, ou bien un arrêté municipal de démolition est pris pour revendre le terrain à un promoteur immobilier. Comble du cynisme, les frais de démolition sont décomptés du prix du rachat. Il ne reste donc rien à celui qui se retrouve sans logement.

La mairie de Saint-Denis jure ses grands dieux qu’il n’y a pas d’opération immobilière en vue. Pourtant l’immeuble voisin a déjà été préempté par la municipalité. Ainsi, la « gentrification » de Saint-Denis se poursuit, remplaçant les populations modestes par des populations plus aisées.

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