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- Lutte ouvrière n°2629
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Leur société
RIC : aucun référendum ne remplace la mobilisation des travailleurs
Au sein du mouvement des gilets jaunes, la revendication de l’instauration du « référendum d’initiative citoyenne » (RIC) se fait de plus en plus entendre. Il s’agit de donner le droit à la population d’imposer par pétition l’organisation d’un référendum sur des sujets divers. Plusieurs appels en ce sens ont déjà rassemblé des centaines de milliers de signatures.
Les signataires y voient une façon de se faire entendre d’un gouvernement ostensiblement méprisant à l’égard des travailleurs et des pauvres. Ils pensent que ces référendums permettront à la population de défendre ses intérêts. Mais c’est un leurre. S’il n’est pas du tout injustifié que la population réclame le droit de s’exprimer, croire que ces référendums suffisent à défendre ses intérêts est illusoire.
Cela repose sur un mensonge selon lequel la voix d’un travailleur aurait le même pouvoir que celle d’un capitaliste, et que comme les travailleurs sont plus nombreux, ils pourraient se faire entendre dans les urnes. Mais les capitalistes ont la réalité du pouvoir dans la société sans en passer par le vote. Parce qu’ils possèdent des capitaux, ils peuvent embaucher ou non, fermer une usine s’ils estiment qu’elle n’est pas rentable, imposer les horaires de travail qui leur conviennent, bloquer les salaires, sous-traiter, etc., c’est-à-dire prendre des décisions qui influent sur la vie quotidienne des travailleurs, de leurs proches, voire de toute une région.
Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ont défendu cette revendication lors de l’élection présidentielle, et le Premier ministre Édouard Philippe lui-même a récemment déclaré qu’il n’était pas hostile à sa mise en place. Si une partie de la classe politique peut mettre en avant une telle possibilité, c’est que, derrière son apparente radicalité, elle est parfaitement inoffensive.
Croire que des référendums populaires pourraient permettre de trouver des solutions aux problèmes qui touchent les classes populaires, c’est avoir l’illusion que ce sont les lois qui organisent le fonctionnement de la société. En réalité, ce qui organise la vie sociale, c’est surtout la loi non écrite du profit. Le chômage, les bas salaires, la précarité ne sont pas le résultat de mauvaises lois qu’il faudrait modifier : ils résultent des choix des capitalistes, dont la recherche de profits pèse sur toute la vie sociale, bien plus que tout vote ou toute Constitution. Si les services publics se dégradent, si on manque de logements, c’est aussi le résultat de la crise capitaliste, et non d’une constitution mal rédigée.
Ce ne sont pas des référendums qui peuvent mettre fin à cette dictature du profit. Jamais le patronat ne cède un pouce sans qu’on ne le lui ait imposé ; ne serait-ce que pour obtenir une petite augmentation de salaire, il faut se mobiliser et faire grève. Alors pour imposer que les besoins de la population passent avant les profits des capitalistes, pour résoudre les problèmes posés par les gilets jaunes et tous les problèmes des travailleurs, il faudra des luttes d’ampleur contre le patronat, dans les entreprises et dans la rue.