Violences à l’école : des enseignants, pas des gendarmes !31/10/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/10/P5-flics-lycee_OCELOT_OK_resultat.jpg.420x236_q85_box-0%2C35%2C375%2C246_crop_detail.jpg

Leur société

Violences à l’école : des enseignants, pas des gendarmes !

Face à l’émotion suscitée par l’agression filmée d’une enseignante avec une arme factice, les ministres de l’Éducation, de la Justice et de l’Intérieur ont réuni un comité stratégique, vendredi 26 octobre, et ont annoncé un arsenal de mesures sécuritaires.

Illustration - des enseignants, pas des gendarmes !

Celle qui a été la plus médiatisée consisterait à autoriser la présence de policiers dans les établissements scolaires, d’une façon permanente pour certains d’entre eux parmi les plus difficiles. Il n’est pas dit que cette annonce suscite l’enthousiasme des policiers qui se disent déjà confrontés à un problème de sous-effectif. Mais surtout, cette annonce est aussi démagogique que dérisoire.

La montée des incivilités et de la violence dans les collèges et les lycées est le produit de phénomènes qui dépassent largement l’école, à commencer par la dégradation des conditions de vie dans les milieux populaires et l’absence de perspectives pour la jeunesse. Mais la baisse constante du nombre d’adultes susceptibles d’encadrer et d’aider les élèves en milieu scolaire contribue à aggraver la situation.

Le gouvernement s’apprête à supprimer l’année prochaine 1 800 postes dans le secondaire, alors qu’il faudra accueillir 40 000 élèves supplémentaires. Cette diminution du nombre de professeurs va rendre les conditions d’enseignement plus difficiles en entraînant une augmentation des effectifs des classes. Les élèves en difficulté dont les enseignants n’auront pas la possibilité de s’occuper comme il le faudrait se sentiront davantage écartés, voire exclus. C’est aussi ce genre de sentiment qui est en fait à l’origine de bien des tensions et des conflits. Mais, de toute évidence, les ministres n’avaient pas été réunis pour parler d’éducation, mais de répression !

Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, a quant à elle, annoncé le développement des travaux d’intérêts généraux dans les établissements scolaires. En réalité, ces dispositifs existent déjà, encore faut-il qu’il y ait des adultes pour encadrer les élèves, quand on leur fait par exemple nettoyer un tag. Blanquer, lui, invite les établissements scolaires à ne pas hésiter à mettre en place des conseils de discipline, dont il va simplifier la procédure, paraît-il trop contraignante. En fait, si certains chefs d’établissement hésitent à les convoquer, c’est très souvent par crainte de voir l’établissement mal noté par leur hiérarchie. Et quand bien même ils les convoquent, exclure un élève revient souvent à déplacer le problème sans le résoudre.

Les jeunes les plus difficiles, voire violents, auraient besoin d’être encadrés dans de petites structures, avec de nombreux adultes compétents, enseignants, psychologues. Mais ces structures disparaissent les unes après les autres. De plus, la suppression des contrats aidés a mis à mal les associations qui luttaient contre le décrochage scolaire.

Blanquer prétend vouloir créer de nouvelles structures où différents corps de métier, aussi bien de l’Éducation nationale que de l’armée ou de la police interviendraient. En fait de nouveauté, cela reviendrait à rétablir les anciennes maisons de correction. Le ministre se dit partisan d’une « pédagogie du 21e siècle ». Mais sa politique de la matraque en guise d’éducation organise plutôt le retour au 19e !

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