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États-Unis : les élections de mi-mandat
Le 6 novembre auront lieu aux États-Unis les élections de mi-mandat, dites de midterm. Outre les postes officiels à tous les niveaux de l’appareil d’État qu’une kyrielle de politiciens se disputent, elles renouvellent en partie le Congrès fédéral, composé de 435 représentants dont les mandats sont de deux ans et sont soumis à élection chaque année paire.
Comparé au système français où les députés sont élus pour cinq ans, le système américain pourrait apparaître plus démocratique. Toutefois, au sein du Congrès, le pouvoir appartient principalement aux sénateurs dont les mandats ne sont renouvelés que par tiers. Les électeurs ne peuvent donc se prononcer en novembre que sur 33 sièges de sénateurs sur 100. De plus, il y a deux sièges de sénateur pour chaque État, que ce soit pour la Californie très peuplée ou pour le Wyoming qui l’est 68 fois moins. Les majorités sénatoriales ne reflètent donc que de très loin les changements d’opinion de l’électorat. D’autant moins que le système électoral américain est ainsi fait qu’il organise institutionnellement le monopole des deux partis de la bourgeoisie américaine et leur alternance.
Pour l’instant, le Parti républicain, celui du président Trump, domine les deux Chambres du Congrès. Sachant très bien que la perte de contrôle du Congrès rendrait la fin de sa présidence difficile, Trump s’est lancé dans la campagne de mi-mandat avec une démagogie tout azimut pour satisfaire l’électorat chrétien pratiquant. Il a nommé à la Cour suprême un juge anti-avortement, véritable tartuffe accusé de tentative de viol. Il tire à boulets rouges sur les immigrés, accusant les pauvres d’Amérique centrale, dont la caravane voudrait franchir la frontière des États-Unis, d’accueillir en leur sein des terroristes moyen-orientaux, et les démocrates de les avoir payés. Pour plaire aux réactionnaires en tout genre, Trump hurle au communisme en pointant le danger de victoire des quelques candidats démocrates qui se disent socialistes, au sens de la social-démocratie européenne.
Aux travailleurs, il offre son nationalisme bruyant, et le vain espoir que les guerres commerciales qu’il a allumées de par le monde se traduiront par des créations d’emplois ouvriers, alors qu’il a baissé énormément les impôts des entreprises et des riches particuliers.
Si cette démagogie a permis au milliardaire Trump de s’assurer le vote de suffisamment de travailleurs pour remporter l’élection présidentielle de 2016, c’est que la politique des démocrates au pouvoir précédemment leur avait probablement laissé de très mauvais souvenirs. Conséquence de la crise de 2007-2008, pendant huit ans Obama a renfloué le système financier à coups de centaines de milliards, pendant que le chômage augmentait dramatiquement. Les emplois créés par la suite ne l’ont été qu’avec des salaires si bas qu’ils ne permettent pas de s’en sortir. Les familles ouvrières sont en outre confrontées à une dégradation sans précédent du système éducatif public, le seul qui leur soit accessible.
Le Parti démocrate ne fait bien sûr pas campagne sur ce bilan. S’il peut espérer le 6 novembre remporter la majorité à la Chambre des représentants, et peut-être au Sénat, c’est en comptant que les outrances et les nombreux mensonges de Trump démobiliseront suffisamment les électeurs républicains, tout en en incitant d’autres à voter pour le camp démocrate.
Quel qu’il soit, le résultat des élections ne dépendra que de loin de la volonté des électeurs. Aux États-Unis, les règles de financement des campagnes électorales laissent toute latitude à la bourgeoisie de favoriser les candidats de son choix, qui à leur tour saturent les télévisions de publicités électorales. De ce point de vue, le Parti démocrate est en bonne position : à quinze jours du scrutin il a recueilli 50 % de dons de plus que les républicains dans les 45 compétitions considérées comme les plus serrées pour des sièges de représentant.
L’élection du prochain gouverneur de l’État d’Illinois est assez caractéristique. Elle met aux prises un démocrate milliardaire et un républicain multimillionnaire, ancien dirigeant d’un fonds d’investissement, qui a mobilisé 80 millions de dollars, dont 58 millions viennent de sa fortune personnelle. Héritier de la fortune des hôtels Hyatt, celui-ci a récolté 165 millions, dont 162 millions viennent de sa poche !
Les deux grands partis qui s’affrontent dans l’élection américaine n’offrent ainsi aux travailleurs américains que le choix entre deux variantes de candidats de la bourgeoisie, dont chacune espère que l’autre servira de repoussoir.