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Haïti : les manifestations font reculer le gouvernement
L’article ci-dessous est extrait du quinzomadaire de nos camarades trotskystes antillais de Combat ouvrier (UCI).
Le 17 octobre, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Port-au-Prince et dans plusieurs villes d’Haïti. Elles exigeaient du gouvernement des explications sur l’utilisation des fonds Petro-Caribe et réclamaient aussi le départ du président Jovenel Moïse. Dans les villes de province, des manifestants ont aussi défilé, demandant le jugement des politiciens voleurs.
Le programme Petro-Caribe a été initié il y a douze ans par Chavez, président du Venezuela, avec plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Il leur permet d’acquérir des produits pétroliers à meilleur coût et de payer leurs factures sur vingt-cinq ans à un taux d’intérêt de 1 %.
Une enquête sur le détournement de près de deux milliards de dollars de ce fonds a mis en cause plusieurs anciens ministres du parti de Jovenel Moïse. Les rapports n’ont jamais été suivis de poursuites judiciaires. Piloté par des personnalités de la société civile, des petits bourgeois, le mouvement Petrocaribe Challenge a été lancé en août sur les réseaux sociaux. Il demande où a été dépensé l’argent prêté par le Venezuela. Les appels répétés à des actions, des pétitions, ont abouti à la manifestation du 17 octobre, dont l’objectif était la chute de Jovenel et des ministres corrompus.
Jovenel Moïse a été ébranlé et, le 22 octobre, il a renvoyé seize proches collaborateurs qui sont soupçonnés d’avoir trempé dans le scandale. Au mois de juillet, Jovenel Moise s’était séparé de son Premier ministre sous la pression des manifestants. Et c’est à nouveau la pression de la rue qui oblige le président à renvoyer son chef de cabinet, qui est sur la liste des voleurs.
Parmi la population pauvre, certains ont profité de la manifestation pour montrer leur colère contre la vie chère, pour l’ajustement des salaires. Mais ils ne sont pas entendus par les politiciens qui dirigent le mouvement, dont l’objectif se limite à changer l’équipe qui dirige afin de prendre possession des sièges alors libérés. Les travailleurs, qui ont largement aidé à faire reculer Jovenel Moïse, doivent se méfier de ces leaders et prendre en main leurs intérêts.