Hôpitaux : la misère financière programmée31/10/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/10/P6_2017_10_10_Manif_Fonct_publ_22_C_LO_resultat.jpg.420x236_q85_box-0%2C19%2C375%2C230_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpitaux : la misère financière programmée

Le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux, a tiré la sonnette d’alarme sur l’ampleur des déficits des hôpitaux publics, à la veille de la discussion à l’Assemblée, mardi 30 octobre, du budget de la Sécurité sociale : au total, le déficit pourrait atteindre 1,5 milliard d’euros pour l’année 2018.

Illustration - la misère financière programmée

Depuis longtemps, les hôpitaux ont été transformés par le gouvernement en entreprises, en introduisant les notions d’équilibre budgétaire et même d’autonomie financière. Ces notions sont illusoires. Les recettes proviennent de la Sécurité sociale, et c’est le gouvernement qui fixe le tarif de remboursement des actes médicaux. Depuis 2004, il s’agit de la tarification à l’activité, la T2A. Mais celle-ci a introduit, volontairement, une course à la rentabilité insupportable aux soignants et aux soignés. Toute une partie de l’activité réelle de l’hôpital n’est pas ou peu prise en compte, comme la prévention, la formation des médecins, le suivi des personnes âgées ou des malades chroniques. De plus, en février dernier, le gouvernement a encore baissé de 1,2 % les tarifs de remboursement. « Avec cette nouvelle baisse, on continue de resserrer le garrot. On va à l’asphyxie », présageait la Fédération hospitalière de France, estimant à 33 000 le nombre d’emplois à supprimer dans les hôpitaux pour satisfaire les volontés gouvernementales.

Car, sur les dépenses compressibles, tout a déjà été fait, y compris sur les compresses et les trombones. La seule variable d’ajustement est le personnel, car 73 % du budget est consacré aux salaires.

En fait d’autonomie financière, les hôpitaux n’en n’ont aucune. Le gouvernement, via les ARS (agences régionales de santé), exige sans cesse des économies. La ministre de la Santé Buzyn demande et obtient encore 1,6 milliard d’euros en 2018, après avoir obtenu le milliard d’économies de 2016 et de 2017. Sur le plan des investissements, les conséquences sont catastrophiques. Les dépenses pourtant indispensables pour l’entretien et la rénovation des bâtiments, le renouvellement des équipements médicaux, sont passées sous le seuil des quatre milliards d’euros en 2017, contre plus de six milliards par an entre 2008 et 2011.

Le rôle d’un hôpital devrait être exclusivement de soigner, et il est absurde de s’étonner qu’il soit en déficit alors que, par définition, c’est une activité qui ne vise pas à produire de richesses. La désorganisation, les conditions de travail de plus en plus difficiles du personnel soignant et non soignant, les reculs de la politique de soins, le scandale des services d’urgences ne sont que le résultat de la pression incessante du gouvernement pour imposer chaque année de nouvelles économies.

Partager