Leur société

Guyane : pour Total c’est tant pis pour la planète !

En dépit des engagements gouvernementaux et malgré les résultats négatifs à 99,8 % de l’enquête publique, le groupe Total vient d’obtenir l’autorisation de poursuivre ses explorations dans les eaux territoriales de la Guyane.

Les opérations se dérouleront dans quelques semaines tout au plus, à proximité d’un immense récif corallien considéré comme unique par des biologistes marins. Au lendemain de la publication par les experts du GIEC du rapport alarmant sur la catastrophe climatique annoncée et ses conséquences, un géant capitaliste comme Total ne connaît aucun obstacle pour poursuivre sa course au profit aux dépens de l’environnement.

La loi Hulot votée fin 2017 prévoyait « l’interdiction immédiate de la délivrance, sur le territoire national, de nouveaux permis de recherche d’hydrocarbures, ce qui mettra[it] un terme à la recherche de nouveaux gisements ». Mais Total aurait obtenu un permis d’explorer antérieur à la loi…

L’enquête publique obligatoire avait mis en évidence une opposition quasi générale à l’opération de Total, seuls deux avis sur plus de 7 000 validés étant positifs. Ce résultat écrasant n’a pas empêché la commission d’enquête d’émettre fin septembre un avis favorable à la demande de campagne de forages, assorti de quelques pieuses recommandations, telles que « remettre en activité la Commission de suivi et de concertation sur le pétrole en Guyane », « établir un cahier des charges spécifique sur les procédures de rejet des boues dans l’océan et le traitement des boues toxiques » ou « mettre en œuvre un contrôle effectif par l’autorité publique de ces rejets et traitements des boues toxiques ».

C’est justement l’autorité publique, par un arrêté du préfet, fervent soutien de Macron, qui vient de donner le coup de grâce. Le gouvernement local, la collectivité territoriale de Guyane, s’est déclaré extrêmement favorable aux travaux, comptant sur les 10 millions d’euros promis par Total en dédommagement. Le pétrolier espère de cette exploration, qui sera suivie par d’autres, l’exploitation d’un gisement allant jusqu’à un milliard de barils, ce qui apporterait au bas mot, au cours actuel, 70 milliards d’euros dans ses caisses. En même temps, il lâche avec mépris aux Guyanais riverains une aumône couvrant à peine la construction d’un collège. Tout un symbole.

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