France et Arabie saoudite : les affaires d’abord31/10/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/10/P7_ventes_darmes_Arabie_LUPO_OK_resultat.jpg.420x236_q85_box-0%2C35%2C375%2C246_crop_detail.jpg

Leur société

France et Arabie saoudite : les affaires d’abord

Suite à l’assassinat le 2 octobre du journaliste Jamal Khashoggi par des hommes de main au service du régime saoudien, Macron a déclaré le 26 octobre lors d’une conférence de presse à Bratislava : « C’est pure démagogie que de dire d’arrêter les ventes d’armes. »

Illustration - les affaires d’abord

Macron intervenait en réponse à ceux qui lui reprochent de ne pas décréter un embargo sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite, prôné par l’Allemagne. Ce que fera réellement Angela Merkel, l’avenir le dira, mais l’attitude de Macron est bien significative.

Il s’est empressé d’affirmer qu’il fallait attendre que « les faits soient établis clairement, et surtout les responsables et les commanditaires, pour en tirer les conséquences ». Et d’ajouter que les éventuelles sanctions ne devront être prises que contre « les individus ou les intérêts dont il sera établi qu’ils ont quelque chose à voir avec l’assassinat ». Il n’est donc pas question d’accuser le régime saoudien de quoi que ce soit, et surtout pas de le contrarier au point de devoir rompre des contrats d’armement.

Et pour cause. Le gouvernement français est un gros fournisseur d’armes du régime saoudien. Il a exporté plus de 11 milliards d’euros d’armes vers l’Arabie saoudite entre 2008 et 2017. La France a vendu pour 2,6 milliards d’euros d’armes à l’Arabie saoudite et aux pays de la coalition, pour les armer dans la guerre qu’ils mènent au Yémen depuis 2015, une guerre qui fait couler beaucoup moins d’encre que l’assassinat de Jamal Khashoggi.

Ce sont pourtant des milliers de Yéménites qui meurent sous les bombardements ou du fait de la famine et du choléra, conséquences de la guerre. Tony Fortin, chargé d’études à l’Observatoire des armements, affirme que la France vend des armes à l’Arabie saoudite en connaissance de cause : « Les frégates que l’on a vendues à l’Arabie saoudite servent sûrement aujourd’hui au blocus du port d’Hodeida et cela a des conséquences terribles sur la population. » Et il ajoute : « Le gouvernement a lui-même préparé cette guerre : les transferts d’armes ont explosé peu avant et pendant le conflit, et il faut savoir que les contrats d’armements sont préparés cinq ans à l’avance pour un conflit. »

Pour les dirigeants impérialistes, Macron comme tous les autres, les affaires sont les affaires, et peu importe leur coût en vies humaines.

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