Leur société

Front national : la quête de la mangeoire

En pleine préparation du congrès du Front national prévu à Lille les 10 et 11 mars, Marine Le Pen a fait la tournée des fédérations de son parti pour présenter ce qu’elle annonce comme une « véritable révolution culturelle ».

Plusieurs ténors de la galaxie FN ont d’ailleurs tenu à profiter de cette période pour montrer qu’ils existaient toujours. Faute de pouvoir venir lui-même semer le trouble au congrès, Le Pen père a sorti le premier tome de ses Mémoires, où il revendique, entre autres, haut et fort l’usage de la torture pendant la guerre d’Algérie. Partie faire son show devant des conservateurs aux États-Unis, la nièce Marion Maréchal-Le Pen s’est rappelée aux bons souvenirs de chacun comme prétendante à la succession de sa tante.

Pour permettre aux membres de son parti, ainsi qu’à son électorat, d’espérer enfin que le FN accède au pouvoir, Marine Le Pen propose un changement de nom. Ce ravalement de façade aurait ainsi pour vertu de présenter un visage moins marqué par les sorties ouvertement racistes et parfois antisémites du père, et de rompre avec un passé trop marqué à l’extrême droite. L’un des objectifs est d’aboutir à de nouvelles alliances avec une partie de la droite. Ce n’est d’ailleurs que la continuation de la politique du FN entre les deux tours de l’élection présidentielle, où Marine Le Pen avait fait un pacte avec le souverainiste Dupont-Aignan, lui faisant miroiter le poste de Premier ministre en cas de victoire. Le Front national aspire à se dédiaboliser encore plus, pour accéder au pouvoir et y servir les intérêts de la bourgeoisie.

Le changement de nom ne changera évidemment strictement rien au caractère profondément antiouvrier de ce parti. Même s’il bénéficie dans une partie de l’opinion populaire d’un certain crédit, surtout du fait de ne pas s’être encore compromis en participant au pouvoir, le Front national n’en est pas moins entièrement au service des possédants. S’il continue de faire mine de s’apitoyer sur le sort des petites gens pour obtenir leurs suffrages, il n’a en réalité que le plus grand mépris pour le sort des classes populaires.

Face aux destructions d’emplois menées tambour battant par le patronat, au manque de logements pour les classes populaires, aux galères de la vie quotidienne engendrées par la politique du gouvernement qui sabre dans tous les budgets utiles à la population, le Front national présente les migrants comme responsables de tous les problèmes. En visant les migrants, le FN cherche d’abord à exonérer les vrais responsables que sont les patrons licencieurs et l’État à leur service. Cette démagogie divise les travailleurs et les affaiblit pour se défendre face à leurs exploiteurs.

Le fait pour le FN de se présenter comme le garant de la souveraineté nationale prétendument menacée, un jour par l’Europe, un autre par les migrants ou par la concurrence étrangère, le fait de prétendre que la solution serait de s’unir derrière le drapeau tricolore, contribue à mettre les salariés à la remorque du patronat, à les soumettre à ses intérêts.

Contre ce poison nationaliste, le monde du travail ne pourra défendre son droit à l’existence qu’en reprenant le chemin des luttes pour ses intérêts propres, qu’en retrouvant une véritable conscience de classe.

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