Leur société

Transport routier : patrons et chauffeurs n’ont pas les mêmes intérêts

Le transport routier est un secteur directement concerné par le recours à des travailleurs détachés et plus généralement à des sociétés européennes à bas coût dont les camions sillonnent toute l’Europe.

L’Espagne et le Portugal, dont les camions traversent la France et l’Allemagne où ils effectuent des livraisons, ayant fait bloc avec la Pologne et d’autres pays de l’Est, le transport routier a été exclu de la nouvelle directive. L’ancienne s’appliquera jusqu’à ce qu’un accord général sur le transport routier soit validé par l’Union européenne.

Chacun de leur côté, les syndicats de chauffeurs routiers et les fédérations patronales ont dénoncé cette exclusion. D’un côté, les syndicats de salariés dénoncent le sort des chauffeurs venus de Pologne ou d’autres pays d’Europe, qui touchent couramment 1 000 euros de moins sur leur paie et passent des week-ends entiers bloqués sur des parkings. De l’autre, les patrons du secteur se plaignent de la concurrence. Selon le journal Les Échos, entre 1999 et 2009, la part des transporteurs français dans le marché européen serait passée de 50 % à moins de 10 %.

En juillet 2016, Macron alors ministre de Hollande avait fait modifier la loi française pour que tous les chauffeurs routiers en transit en France soient considérés comme des travailleurs détachés, ce qui obligeait théoriquement leur employeur à les payer au smic.

Mais dans le transport comme ailleurs, les travailleurs n’ont pas les mêmes intérêts que leurs patrons. La future directive sur le transport européen sera le fruit de marchandages entre les États. Dans ces tractations, la seule chose sûre est que les intérêts des plus grandes sociétés de transport françaises ou allemandes seront bien défendus. Quant à ceux des chauffeurs, ils ne devront compter que sur eux-mêmes pour les défendre.

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