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Ascoval – Saint-Saulve : nouveau chantage patronal
Le groupe Saarsthal, propriétaire de l’aciérie Ascoval, employant 270 salariés à Saint-Saulve, près de Valenciennes dans le Nord, avait annoncé son intention de délocaliser temporairement 40 % de sa production en Allemagne. Il a finalement suspendu son projet, après avoir obtenu de nouveaux cadeaux financiers du gouvernement.
Le site d’Ascoval est équipé de fours électriques tandis que l’acier produit par le groupe en Allemagne utilise des hauts-fourneaux alimentés au charbon, plus polluants mais moins coûteux, surtout avec la récente flambée des prix de l’énergie.
Suite à cette annonce, Xavier Bertrand a interpellé Emmanuel Macron lors de son déplacement dans le Nord, Fabien Roussel a écrit au ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, pour lui demander « d’intervenir sans délai auprès de l’actionnaire » ; l’un et l’autre intervenant au nom de la transition écologique et de la relocalisation de l’industrie. Des tractations ont alors eu lieu entre la direction de Saarsthal et le cabinet d’Agnès Pannier-Rumacher, la ministre chargée de l’Industrie. Il en est sorti un nouveau contrat avec EDF sur les prix de l’électricité. La ministre a aussi redéfini les prix payés par la SNCF et la RATP, pour lesquels Ascoval produit des barres d’acier servant à la fabrication de rails.
Le chantage de Saarsthal a donc payé et le budget de l’État va servir à réduire les coûts de production de l’aciérie et à augmenter son chiffre d’affaires. C’est ce qui a amené le groupe allemand à suspendre son projet, pour le moment. Il y a quatre mois, il avait déjà exigé que la communauté d’agglomération Valenciennes-Métropole annule 7,2 millions de dettes, ainsi que les dettes d’Ascoval envers la région et l’État, soit au total 67 millions d’euros. En fait, depuis dix ans, le site d’Ascoval, qui appartenait initialement à Vallourec, passe d’un repreneur à un autre, chacun pratiquant le même type de chantage. À chaque fois, des aides publiques sont débloquées en échange de promesses de maintenir l’emploi. Des dizaines de millions ont été ainsi versés à fonds perdus. Pour les travailleurs, à chaque fois, cela se termine de la même façon, avec la menace d’une fermeture totale.
Aujourd’hui, le doute demeure sur ce que décidera finalement le groupe Saarsthal. Mais si les gesticulations politiciennes au nom de la relocalisation ou de la transition écologique peuvent lui garantir ses profits, elles ne garantissent rien aux travailleurs.