Hôpitaux : mieux que si c’était pire ?24/11/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/11/_P6-1_2020_06_16_Manif_sante_03_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpitaux : mieux que si c’était pire ?

L’épidémie de Covid repart à la hausse et, selon le président du conseil scientifique, le professeur Delfraissy, « la vraie vague du variant Delta arrive ».

Illustration - mieux que si c’était pire ?

Le système de soins aura, espère-t-il, « probablement la capacité » de faire face à cette cinquième vague, mais il est « fatigué ». C’est peu dire, à entendre le Pr Rémi Salomon, de l’hôpital Necker-Enfants malades, ou le Pr Grimaldi. Le premier, dénonçant une situation catastrophique, et notamment le nombre de lits fermés par manque de personnel, avertit : « Ça va s’effondrer ». Il donne comme exemple : « Contre les AVC, on dispose de traitements extrêmement efficaces, mais 30 % des lits sont fermés dans ces urgences neuro-vasculaires, faute de personnel. C’est une perte de chances réelle pour les patients. »

Le second, tout aussi inquiet, a dénoncé il y a peu la suppression de cent mille lits sur trois quinquennats. Le terme est important, car c’est bien de politique gouvernementale qu’il s’agit. « Or, ajoute-t-il, l’actuel ministre de la Santé, Olivier Véran, était sous Hollande le rapporteur de la loi Touraine, et il a voté toutes les lois d’étranglement de l’hôpital. » La catastrophe, pour lui également, est fort possible, à l’hôpital comme dans toute une partie du système de santé.

Mais, à en croire le directeur de l’AP-HP, Martin ­Hirsch, à l’antenne de France Inter le 22 novembre, la remontée pourtant fulgurante des cas de Covid ne devrait pas trop engorger l’hôpital. Car, dit-il, « on soigne à peu près autant de patients avec un peu moins de personnel – on ne compte que mille postes non pourvus à l’AP-HP sur 18 000 – et un certain nombre de lits fermés. » Il y a 13 % de lits fermés à l’AP-HP, admet-il. Mais, dans la plupart des services, on ne traite pas 13 % de patients en moins, « ce qui explique en partie les tensions. » « On serre les fesses », commente-t-il, en s’incluant abusivement dans le personnel qui se dévoue et est à bout.

Hirsch comme Véran, son ministre de tutelle, comme leurs pairs au gouvernement, sont aux manettes d’un système qui menace sans cesse de craquer. « La santé est un bien commun qui doit échapper aux logiques du marché », énonce à juste titre ­André Grimaldi. Ou plutôt il devrait leur échapper, car la politique menée par les gouvernements successifs a au contraire soumis le recrutement du personnel soignant et non-soignant, médical ou non, à une logique d’économies qui a rendu le travail insupportable, au détriment de tous. Ce choix de société tue autant que le virus.

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