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États-Unis : le piège électoral
En vue de l’élection présidentielle du 3 novembre, les deux grands partis de la bourgeoisie américaine ont tenu leurs conventions ces derniers jours. Le décor est à présent planté pour enfermer les électeurs dans le piège habituel de l’alternance entre le Parti républicain de Donald Trump et le Parti démocrate de Joe Biden.
À cause de l’épidémie, les conventions n’ont pas été le barnum politique traditionnel. Mais elles ont joué leur rôle dans la campagne. Les républicains ne font même pas semblant d’avoir un programme politique, Trump se suffisant à lui-même comme argument électoral.
De leur côté, les démocrates ont mis en scène l’unité de leur parti autour de Joe Biden. Même ceux qui veulent incarner l’aile gauche des démocrates, et qui ont abondamment critiqué le centrisme de Biden lors de la campagne des primaires, se sont ralliés à lui. C’est le cas de Bernie Sanders et d’Alexandria Ocasio-Cortez, qui tous deux agrémentent à l’occasion leurs discours du mot « socialisme », mais font campagne pour un défenseur assumé du capitalisme.
Joe Biden a été sénateur de 1973 à 2009. Dans les années 1970, il s’est opposé au « busing », c’est-à-dire au fait que des enfants noirs puissent aller en bus dans des écoles essentiellement blanches, où l’éducation était de meilleure qualité que dans celles de leurs quartiers défavorisés.
Biden peut bien avoir pris comme candidate à la vice-présidence Kamala Harris, une femme noire, cela ne peut pas faire oublier que, dans les années 1990, il a été un des promoteurs du durcissement judiciaire et de l’allongement des peines de prison, qui ont mené tant de jeunes Noirs derrière les barreaux.
Biden a été partisan de toutes les interventions militaires de l’impérialisme américain : des bombardements sur la Serbie en 1999 aux guerres d’Afghanistan et d’Irak commencées en 2001 et 2003.
En tant que vice-président d’Obama de 2009 à 2017, il a géré les conséquences de la crise de 2008 au mieux des intérêts des grandes firmes capitalistes, au moment où tant de travailleurs perdaient leur emploi et leur maison. Biden a partagé la responsabilité d’une politique qui a tellement déçu qu’un Trump a pu surgir et s’emparer de la présidence.
L’argument principal de Biden et des démocrates, c’est la répulsion que provoque Trump chez bon nombre d’électeurs. Ils laissent entendre qu’il suffirait de dégager ce raciste réactionnaire de la Maison-Blanche pour « guérir l’Amérique ». Or les méfaits du capitalisme, où la pauvreté et le racisme empoisonnent la vie des classes populaires, ne sont pas dus à un seul homme, fût-il aussi détestable que Trump.
Bien sûr, le style compassionnel de Biden est à l’opposé du cynisme brutal de Trump. Mais l’un comme l’autre ont mené, et mèneront, pour celui qui remportera l’élection dans cette période de crise, une politique destinée à préserver les capitalistes des conséquences catastrophiques de leur système, alors que les chômeurs se comptent déjà par dizaines de millions.