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- Lutte ouvrière n°2646
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Dans les entreprises
Pizzorno – Lyon : la coupe est pleine
Après ceux de la Métropole de Lyon, les éboueurs de la société Pizzorno, à Vénissieux, ont démarré la grève le 2 avril. Ils revendiquent, comme leurs collègues du public, une augmentation de salaire de 300 euros et se battent aussi pour leurs conditions de travail, la sécurité et plus de considération de la part d’une direction qui ne cesse de les harceler.
Pizzorno a obtenu entre 2012 et 2017 le marché auprès de la Métropole, qui a concédé au privé les secteurs les plus rentables. Cette société, détenue par la fille de Francis Pizzorno, surnommé « le roi des ordures » tant ses méthodes étaient crapuleuses, ramasse les ordures dans trois arrondissements de Lyon, ainsi qu’à Bron, Villeurbanne et Vaulx-en-Velin. Les éboueurs doivent collecter 23 à 30 tonnes par jour, avec un matériel défaillant. Les nouveaux camions de ramassage ne permettent plus aux agents de communiquer avec les chauffeurs ; les vêtements sont inadaptés, insuffisants et de mauvaise qualité. On oblige les travailleurs à nettoyer les camions avec des produits dangereux, ce qui devrait être fait par du personnel spécialisé. Au moindre retard, à la moindre égratignure sur un camion, la direction les menace, met des avertissements ou des mises à pied. Aucun moyen de transport n’est mis à la disposition de ceux qui sortent les poubelles des immeubles, mais la direction a trouvé le moyen de les équiper de smartphones avec géolocalisation, pour mieux les surveiller !
Alors, ce qui domine dans leur mouvement, c’est la volonté de se faire respecter, car ils font un travail ingrat pour des salaires faibles. Ainsi, pour vingt ans d’ancienneté, en travaillant six jours sur sept, le salaire d’un ripeur est de 1 500 euros, dont 300 euros sous forme de prime. Pour couronner le tout, ils ont touché une prime d’intéressement de 150 à 247 euros, mais aucune prime gilets jaunes, alors que le groupe Pizzorno environnement, coté en Bourse, fait des bénéfices.
La direction fait venir les huissiers et la police tous les jours. Pour remplacer les grévistes, elle emploie des intérimaires, ce qui est illégal, ou fait venir des salariés d’autres villes où elle a gagné le marché (Valence, Nice, Paris…) en leur payant l’hôtel.
Malgré le mépris affiché par la direction, les grévistes, très majoritaires, restent déterminés. Tous les matins, soutenus par des gilets jaunes et des militants syndicaux, ils reconduisent la grève dès 4 h 30. Lundi 15 avril, une centaine d’entre eux ont manifesté jusqu’à l’hôtel de ville, clamant « Éboueurs en colère » sous les fenêtres du maire Colomb, et l’interpellant : « Nous sommes les travailleurs de l’ombre, ceux qui, quand vous dormez, ramassent vos poubelles. On veut plus de respect et des salaires dignes. Prenez vos responsabilités : vous avez pris Pizzorno, faites en sorte qu’on soit entendus. » Ils étaient bien décidés à poursuivre leur grève.