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- Lutte ouvrière n°2234
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Espagne - Défaite électorale socialiste : Le désaveu des travailleurs
Victoire du parti de droite, le PP (Parti populaire), défaite du PSOE (Parti socialiste) : l'issue des scrutins du dimanche 22 mai ne constitue pas une surprise en Espagne.
Tout le monde s'y attendait, le chef du gouvernement socialiste Zapatero le premier. Le PSOE perd plus d'un million et demi de voix (10 %) dans ces élections municipales et régionales (« régions » qui ont bien plus de pouvoirs qu'en France). Les socialistes n'ont gagné aucune région et en ont perdu quatre qu'ils dirigeaient (Castille-La Manche, Aragon, Baléares et Asturies) au profit du PP ou de partis régionalistes. Ils ont aussi perdu presque toutes les grandes villes, dont des bastions comme Barcelone ou Séville. Quant à Izquierda Unida (regroupement de partis à gauche, dont le Parti communiste), elle a modestement progressé, augmentant son score de 200 000 voix, pour obtenir 6,3 %.
Le Parti socialiste paie donc sur le plan électoral la politique antiouvrière qu'il mène au gouvernement. Car comment les travailleurs auraient-ils pu adhérer aux mesures qu'il a prises face à la crise ? Zapatero et ses ministres ont gouverné et continuent à gouverner comme n'importe quel gouvernement au service des capitalistes. Pas question pour eux de toucher aux intérêts des actionnaires et des banquiers.
Toutes les mesures prises visaient à faire payer la note aux travailleurs. La crise de l'immobilier a jeté au chômage des milliers d'entre eux. Avec l'envolée du prix des crédits certains ont perdu leur maison. Pour un patronat toujours plus vorace et jouant du chantage aux licenciements, le gouvernement a revu la législation du travail, permettant les licenciements plus rapides et à moindre coût. La précarisation s'est développée et les salaires peuvent plus facilement être revus à la baisse. Telefonica annonce 6 000 licenciements en même temps que le partage des profits pour les actionnaires !
Mais ce n'est pas tout. Afin de satisfaire les banquiers et de réduire le montant de la dette, Zapatero a imposé des économies conséquentes dans les dépenses publiques. Les salaires des fonctionnaires ont été baissés de 5 % en moyenne. Et ce sont aussi les coupes claires dans les budgets des services publics de l'État et des collectivités locales. L'éducation, la santé sont mises à mal, des salaires sont versés avec retard et les effectifs sont revus à la baisse. C'est ainsi qu'en quatre ans le chômage est passé de 8 à 21 %, touchant 40 % des jeunes !
Et c'est sans parler de l'écoeurement qu'ajoutent les scandales de corruption qui éclaboussent de nombreux politiciens, de droite mais aussi de gauche, comme en Andalousie où les dirigeants socialistes de la junte ont puisé dans des fonds spéciaux au profit de leurs proches.
Le Parti populaire, fort de sa victoire et de sa mainmise sur les pouvoirs locaux, demande que la date des élections législatives prévues pour 2012 soit anticipée. Zapatero, quant à lui, annonce qu'il ne sera pas candidat pour 2012, mais réitère ses objectifs : « Achever la législature afin de mener à bout les réformes indispensables pour consolider la reprise économique », en clair continuer ce qu'il a entrepris... contre les travailleurs.
La droite au pouvoir dans les régions aujourd'hui, et qui fera tout pour être au pouvoir demain, poursuivra la même politique antiouvrière avec beaucoup d'arrogance et de propagande réactionnaire en plus. En Espagne comme en France, la vie politique est rythmée par l'alternance au pouvoir de la gauche et de la droite. Mais le vrai pouvoir est celui des banquiers et autres capitalistes, qui continuent de plonger dans la misère ceux qui n'ont que leur travail pour vivre. Pour vraiment changer le cours des choses, les travailleurs devront se servir de leur force, non dans les bulletins de vote, mais dans la lutte afin de faire payer la crise aux capitalistes.