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Leur société
Élections municipales de Hénin-Beaumont : Un spectacle peu ragoûtant
Après le deuxième tour des élections municipales de Hénin-Beaumont, les représentants des partis politiques qui avaient appelé à voter pour le « front républicain » étalaient leur satisfaction. Mais aucun ne se demandait, alors que le Front National a perdu une grande partie de son électorat depuis 2007, pourquoi dans une ville ouvrière, de vieille tradition socialiste, sa tête de liste avait pu passer de 19,1 % des voix au second tour des élections municipales de 2001 à 28,8 % en 2008, pour obtenir 47,6 % le 4 juillet 2009.
Cela fait certes des années que l'on assiste à une montée des idées de droite, mais cela n'explique pas tout. Dans le vote en faveur du Front National, une partie importante de l'électorat populaire a voulu montrer son dégoût vis-à-vis de politiciens se disant de gauche qui ont allègrement puisé dans les caisses publiques pour se remplir les poches. Bien sûr ces électeurs ont eu tort. Pour un travailleur, voter pour le Front National, fut-ce à titre de sanction contre les malversations de l'ancienne municipalité, est la pire des attitudes possibles.
Mais le « front républicain » n'offrait pas une image beaucoup plus ragoûtante. C'est le parti de Sarkozy, ce parti qui chasse justement sur les terres du lepénisme, en reprenant à son compte les mêmes idées réactionnaires, qui en a été le promoteur. Dès le lendemain du premier tour Xavier Bertrand, le secrétaire général de l'UMP, déclarait : « L'UMP ne veut pas l'élection de la liste FN d'Hénin-Beaumont. Elle appelle donc les électeurs à choisir le candidat divers gauche et républicain. »
Non seulement la gauche n'a pas ricané en rappelant que le parti gaulliste avait fourni une bonne partie des cadres du Front National, et en avait aussi récupéré (comme l'ancien maire de Nice, Jacques Peyrat, passé des giscardiens au Front National, puis reconverti en RPR), mais elle a repris la formule à son compte. Et on a ainsi vu toutes les formations se réclamant peu ou prou de gauche apporter leur soutien à la liste conduite par Daniel Duquenne, un ancien socialiste, créateur d'une « Alliance républicaine » (une étiquette qui a le mérite de l'imprécision), qui n'avait pas hésité à se maintenir au deuxième tour en 1988, en offrant ainsi au Front National une chance de gagner cette élection à la faveur d'une triangulaire.
Le Parti Socialiste du Pas-de-Calais affectionne le recours aux tribunaux. Le 30 juin le député-maire de Lens, Darcourt, déposait une plainte en diffamation contre un autre dissident socialiste, qui avait présenté sa propre liste, Darchicourt. Et le feuilleton n'est pas fini. Dès le lendemain de l'élection, la tête de liste du Parti Socialiste au premier tour déposait une plainte en diffamation contre le nouveau maire ! Décidément tous ces supporters du « front républicain » ne s'aiment pas beaucoup entre eux, et ne se préoccupent guère de la triste image qu'ils donnent. Tout cela dans un contexte où, à l'échelle nationale, le Parti Socialiste est touché par la désaffection de son électorat populaire auquel il n'apparaît pas comme une véritable opposition et une alternative crédible à Sarkozy et à sa politique.
On comprend, devant ce tableau, qu'un travailleur conscient de ce que représente le Front National, n'ait pas eu non plus la moindre envie de cautionner la comédie du « front républicain ».