- Accueil
- Lutte ouvrière n°2136
- «Pédagogie» gouvernementale contre profs réfractaires : Des enseignants sanctionnés
Dans les entreprises
«Pédagogie» gouvernementale contre profs réfractaires : Des enseignants sanctionnés
Le ministère de l'Éducation nationale a décidé de faire passer en conseil de discipline trois professeurs des écoles qui refusent d'appliquer les réformes décidées par le gouvernement. Ils sont les « désobéisseurs » les plus connus parmi 3 000 réfractaires déclarés, enseignants et directeurs d'école.
L'un d'eux, Erwan Redon, instituteur à Marseille, est ainsi accusé « d'insuffisance professionnelle », un autre, Alain Réfalo, enseignant à Colomiers, près de Toulouse, est cité devant la commission disciplinaire pour « refus d'obéissance » et le dernier, Bastien Cazals, directeur d'école dans l'Hérault, a reçu l'ordre de ne plus parler aux médias. Tous les trois se sont vu retirer de 29 à 36 jours de salaire, alors qu'ils assurent leurs heures de cours. Ils risquent des sanctions plus sévères : mutation, voire révocation, même si le gouvernement n'a pas forcément envie d'accroître le contentieux avec les enseignants.
Sous les discours prônant la concertation et la liberté pédagogique, on voit paraître le caporalisme ministériel. Car ce qui gêne le gouvernement, c'est que des enseignants refusent, dans les faits, ce que beaucoup d'autres dénoncent comme un sabotage de l'enseignement, pour des raisons d'économies.
C'est une absurdité évidente que d'alourdir les programmes alors que l'horaire hebdomadaire a été réduit avec la suppression de la classe le samedi matin ; c'est parfaitement hypocrite d'instituer deux heures « d'aide individualisée » censées remédier au retard scolaire, alors que le ministère augmente le nombre d'élèves par classe et supprime les postes des enseignants du Rased (Réseau d'aide aux enfants en difficulté) spécialisés dans la lutte contre l'échec à l'école.
Quant aux directeurs d'école, le gouvernement cherche à leur imposer des tâches qui relèvent plus du flicage que de la pédagogie, sans parler de la volonté de les faire collaborer, heureusement sans succès la plupart du temps, à la chasse aux enfants sans papiers. La « Base élèves », qu'ils doivent maintenant mettre à jour lors de l'inscription des enfants, contient des renseignements bien plus précis que le simple dossier papier traditionnel et cet outil informatique peut facilement être utilisé dans un cadre autre que scolaire.
Le gouvernement veut imposer ses régressions, dans l'éducation comme ailleurs. Son objectif est très clair : supprimer plus de 16 000 postes dans l'éducation en 2010, après en avoir supprimé des milliers les années précédentes. Il sanctionnera peut-être ceux qui le défient mais une rentrée avec un déficit d'enseignants, des classes surchargées, le manque de personnel en tout genre : voilà qui, dans les faits, risque fort de ruiner sa prétendue « réforme » et tout son emballage démagogique.
Sylvie MARÉCHAL