Comme pour illustrer la campagne sur le recul de l'âge de la retraite, Sarkozy vient d'embaucher deux retraités, anciens Premiers ministres qui plus est. Alain Juppé, ex-chef de gouvernement de Chirac de 1995 à 1997, et Michel Rocard, ex-Premier ministre de Mitterrand de 1988 à 1991, ont été nommés co-présidents d'une commission chargée de réfléchir à « l'emprunt national », dernier gadget du président.

Pour Juppé, sa nomination a la couleur d'une petite revanche. Ejecté du gouvernement Fillon au bout de trois mois, en juin 2007, après sa défaite à l'élection législative, le voilà convié à « penser les investissements à vingt ans ».

Quant à Michel Rocard, l'autre « homme de talent » désigné par Sarkozy, plusieurs fois ministre de gouvernements de l'union de la gauche, il fait preuve d'une énergie débordante puisqu'il s'agit de la troisième « mission » qu'il accepte. Après le très sérieux poste d'ambassadeur de France chargé des négociations internationales sur les pôles arctique et antarctique et celui de président de la conférence des experts sur la taxe carbone, Sarkozy compte maintenant également sur lui pour cogiter sur l'emprunt. Certains se souviennent aussi d'avoir vu dès août 2007, et ce pendant quelques mois, son nom associé à une commission chargée de plancher sur la « prise en compte de la performance dans le déroulement de carrière des enseignants », autrement dit sur le salaire au mérite que la plupart des professeurs rejettent.

À qui lui fait remarquer une certaine frénésie, voire une précipitation pour les missions « d'ouverture », Rocard rétorque qu'il « fait son boulot de fonctionnaire quand on le [lui] demande ». Et il en redemande, semble-t-il, reconnaissant à Sarkozy la qualité de pouvoir « associer » les « traditions intellectuelles de la partie conservatrice de la France et de la partie social-démocrate », sans que l'on sache où est la différence entre le conservateur et le social-démocrate...