Servair - Roissy : Air France veut " dégraisser " sa filiale et se débarrasser des travailleurs combatifs.13/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2019.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Servair - Roissy : Air France veut " dégraisser " sa filiale et se débarrasser des travailleurs combatifs.

Le PDG d'Air France (dont Servair est une filiale) dans un rapport d'activité, pour l'exercice 2005-2006, adressé aux actionnaires, avait annoncé la couleur : " Pour faire face aux changements rapides du commissariat aérien, Servair a lancé en 2005 un plan d'entreprise " Changer pour gagner " afin d'accroître la flexibilité, adapter la structure des coûts et améliorer la productivité de l'entreprise. Son objectif est de réaliser 27 millions d'euros d'économies sur trois ans. "

Depuis plus d'un an, la direction s'emploie donc à réduire par toutes sortes de méthodes le nombre de salariés à Servair (qui emploie 3 000 travailleurs à préparer les repas embarqués dans les avions à l'aéroport de Roissy).

La première de ces méthodes consiste à créer... de nouvelles filiales sous prétexte de faire face à l'accroissement des vols Air France sur Roissy, mais avec des salaires encore plus bas et des conditions de travail plus dures pour les nouveaux embauchés. Ces nouvelles filiales embauchent en effet des salariés envoyés par l'ANPE, au salaire minimum, donc avec les décharges de cotisations sociales. Tout bénéfice pour Servair qui, tout en étant débarrassée de toute implantation syndicale... bénéficie des aides de l'État pour création d'entreprise !

Par ailleurs, en une année, la direction a organisé le licenciement de 200 salariés, pas moins. Parfois il s'agit d'un " départ transactionnel " mais souvent d'un licenciement pur et simple. De toute manière, il s'agit bien d'un " plan social " déguisé, avec 200 " départs " non remplacés, mais qui contourne la législation sur les licenciements économiques.

Pour faire accepter un plan de restructuration d'une telle ampleur, la direction multiplie les attaques et les pressions sur les militants syndicaux et les travailleurs qui lui tiennent tête. Depuis plusieurs mois, on a droit à des provocations des équipes de directeurs qui ne s'embarrassent plus d'entretenir les bonnes relations avec les militants syndicaux : assignations en diffamation contre les interventions en réunion de délégués ; expulsions musclées des locaux syndicaux de l'enceinte de l'entreprise pour les rendre inaccessibles pendant les heures de travail ; procédures disciplinaires et de licenciements contre les délégués combatifs ; transactions confidentielles pour organiser la " disparition " de 18 délégués en un an ; courriers de harcèlement et menaces de sanctions pour instaurer un climat de tension. Face aux nombreux débrayages, protestations et grèves que ces méthodes ont déclenchés, la direction s'est même permis de majorer les retenues de salaire des journées de grève... ou de multiplier les erreurs de paye non régularisées qui amputent les salaires des grévistes. La direction en est même arrivée à sanctionner les grévistes pour " participation à des mouvements de solidarité " et à monter des machinations contre des salariés et des délégués pour obtenir leur licenciement.

Convoqués devant les Prud'hommes de Bobigny pour atteinte au droit de grève, les patrons de Servair obtiennent de nouveaux délais de renvoi au juge départiteur grâce à la solidarité des conseillers-employeurs des Prud'hommes, dont fait partie le DRH de Servair. Une impunité qui encourage évidemment la direction à multiplier les provocations.

Les travailleurs de Servair cherchant à organiser une réaction militent en liaison avec les autres travailleurs de l'aéroport de Roissy. Déjà le 2 mars, 150 personnes avaient envahi le siège d'Air France. Et mercredi 4 avril, les travailleurs se sont retrouvés à un millier pour une manifestation devant le siège d'Air France, avec les grévistes de PSA Aulnay, les salariés de LSG Gate Gourmet (une autre entreprise de préparation des repas embarqués) qui sont menacés de licenciement, mais aussi des militants et de travailleurs de l'aéroport et de tout le département de Seine-Saint-Denis ; tout un symbole du fait que la lutte contre la répression patronale est indissociable de celle des autres revendications essentielles pour la classe ouvrière, que ce soit l'interdiction des licenciements ou l'augmentation de 300 euros par mois pour tous.

Partager