Peugeot-Citroën PSA - Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : Fin de la grève... mais les 300 euros sont toujours à l'ordre du jour.13/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2019.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Peugeot-Citroën PSA - Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : Fin de la grève... mais les 300 euros sont toujours à l'ordre du jour.

C'est lors d'une deuxième assemblée dans la journée du mardi 10 avril, au retour du long week-end de Pâques, que les grévistes de PSA à Aulnay-sous-Bois ont voté, à la quasi-unanimité, la fin de la grève, ou plutôt sa suspension... après 29 jours de grève. Il reste toujours à gagner les 300 euros, l'embauche des intérimaires, le départ des anciens à 55 ans, pas de salaire inférieur à 1 520 euros net ! Ce n'est donc que partie remise, quand une plus grande force sera réunie.

Mais l'expérience de cette première bataille sera déterminante pour les futurs combats et leur succès. En attendant, les grévistes ont fait un tour de l'usine en manifestant tous ensemble avant la reprise collective prévue le lendemain, mercredi.

Un protocole de fin de grève a été signé. Il prévoit une prime de fin de grève de 125 euros à tous les salariés de l'usine (près de 5 000), deux jours de grève payés, le maintien des jours de congés annuels, une diminution du prix du transport et des repas. Les samedis travaillés ne seront pas obligatoires (sauf un), l'engagement d'aucune sanction envers les grévistes est pris et les retenues des trois dernières semaines de grève seront étalées.

La première assemblée s'est tenue à 8 heures du matin. Les 300 grévistes réunis sur le rond-point devant l'usine, pour s'éloigner des huissiers et autres rapporteurs, ont discuté des réalités de leur combat face à une direction qui ne veut rien entendre à leurs revendications, et alors que les négociations de la semaine précédente n'ont donné que des broutilles. Une manifestation fut décidée pour tenter une nouvelle fois de faire pression sur la direction du groupe PSA à Paris. Ce fut un succès : organisation, calme et détermination se ressentaient clairement. La direction centrale reçut une délégation composée de représentants du comité de grève et des syndicats qui soutiennent la grève. Elle précisa seulement qu'il n'y aurait pas de conditions relatives au travail obligatoire du samedi pour toucher la prime de 125 euros.

Plutôt que de céder sur une augmentation de salaires qu'elle aurait dû étendre à tout le groupe, la direction a préféré perdre plus de 20 000 voitures durant ces six semaines de grève, soit près de 300 millions d'euros de chiffre d'affaires. Il est vrai que l'argent n'est pas son problème, le groupe n'en a jamais eu autant. Pourtant, lors de grèves chez les sous-traitants (Lajous à Compiègne, Lear, Faurecia), il avait incité les patrons de ces sous-traitants à céder rapidement quelque 40 euros sur les salaires, pour essayer d'isoler ceux d'Aulnay.

Dans ce bras de fer, PSA a cherché à faire payer le plus cher possible le courage des grévistes et la cohésion qu'ils ont créées lors de ces semaines de lutte. La direction voudrait bien vaincre une combativité dont elle sait bien qu'elle sera un frein à l'exploitation. D'autant qu'elle sait que, si les grévistes sont restés minoritaires, leurs revendications étaient partagées par tous, à Aulnay comme ailleurs dans le groupe et chez les sous-traitants.

Cette cohésion, les grévistes ont continué à la construire durant toute la dernière semaine au travers de leurs actions, décidées démocratiquement lors des réunions du comité de grève et des assemblées et menées jusqu'au bout. Deux manifestations ont cherché à populariser les revendications et à rencontrer d'autres travailleurs en lutte : ceux de la plate-forme de l'aéroport de Roissy en lutte contre la répression syndicale et des suppressions d'emplois, ainsi que ceux de la SITA (ramassage des poubelles) ou de Clear Channel (chargés de l'affichage électoral) en lutte pour les salaires, ou pour faire intervenir le préfet de la Seine-Saint-Denis auprès de la direction de PSA. Les grévistes ont aussi continué à organiser la solidarité et appelé une nouvelle fois les salariés du site d'Aulnay à débrayer pour les salaires vendredi 6 avril. 300 travailleurs se sont alors joints aux grévistes et ont fêté dignement et joyeusement leurs revendications par un barbecue !

En attendant de réunir plus de forces, les travailleurs d'Aulnay comptent bien réussir le gala de soutien à leur lutte organisé samedi 14 avril à Bobigny, pour continuer à affirmer haut et clair ce qui est nécessaire à tous les travailleurs de ce pays, et que les patrons peuvent et devront payer.

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