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- Lutte ouvrière n°2019
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Dans les entreprises
La journée du 12 avril et le régime spécial des retraites des cheminots : Et pourquoi pas aligner toutes les retraites par le haut ?
Sud-Rail, FO, la CFTC et l'UNSA (autonomes) appelaient à une journée de mobilisation des cheminots (avec rassemblements et grève appelée à l'échelle nationale par Sud) le jeudi 12 avril, jour de réunion du conseil d'administration de la SNCF.
Ce jour-là, la direction de la SNCF devait annoncer un bénéfice de quelque 330 millions d'euros, ce qui prouve que la situation n'est pas si mauvaise qu'elle veut le laisser entendre. C'est aussi à ce conseil d'administration que le projet de transformation du système des retraites des cheminots devait être présenté. Et là, c'est une sérieuse attaque contre les travailleurs qui se prépare.
Maintenant que les conditions de départ en retraite de la majorité des salariés du pays ont été dégradées, que la durée de cotisation pour avoir droit à une retraite entière a été repoussée de 37 ans et demi à 40 ans, les travailleurs qui ne sont pas soumis à ces règles sont montrés du doigt comme des privilégiés. Après avoir aggravé le régime général des retraites en 1993, puis celui de la fonction publique en 2003 et fait en sorte que le montant des retraites soit sérieusement réduit, le patronat et le gouvernement crient à l'injustice lorsque des travailleurs sont un peu mieux lotis !
La retraite est à 50 ans pour les agents de conduite et à 55 ans pour tous les autres. Encore faut-il, pour partir avec une retraite entière, avoir été embauché assez tôt à la SNCF pour avoir tous ses semestres de cotisations. L'objectif du gouvernement est de supprimer le régime particulier des cheminots, comme cela a été fait pour les travailleurs d'EDF, de GDF et de La Poste.
Le souvenir de la grève des cheminots de l'hiver 1995, déclenchée par le projet Juppé de mener tambour battant cette réforme des retraites, reste encore vif. Aussi, le gouvernement et la SNCF tentent de ne pas attaquer de front. Pour l'instant, ils présentent comme une simple réforme technique, nécessaire pour obéir aux directives européennes, la création d'une caisse de retraite complètement autonome de la SNCF. Ils prétextent également que des obligations comptables internationales pèsent sur la SNCF qui serait obligée de provisionner de 111 milliards d'euros le système actuel de retraite, ce qui " serait susceptible de mettre la SNCF en difficultés sur les marchés financiers et de provoquer des interrogations fortes de la Commission européenne ".
Évidemment, la nouvelle caisse imaginée par tous ces gens-là, ne faisant plus partie de l'entreprise SNCF, n'aurait plus à être financée par cette dernière à la même hauteur qu'actuellement, ni à être provisionnée des milliards en question. Mais à quoi serviraient ces économies ? Et qu'est-ce que les travailleurs ont à faire de permettre à la SNCF d'aller spéculer sur les marchés internationaux ? Rien. D'autant moins d'ailleurs que au passage, la réforme en question ferait, comme l'explique un texte de la direction, d'un " régime à prestations définies ", un " régime à cotisations définies ". En clair, ce serait des prestations diminuées et non garanties, avant peut-être de remettre en cause l'âge de départ à la retraite pour cause de " déficit " de la caisse.
Il faudrait revenir pour l'ensemble des salariés sur les réformes qui ont fait reculer l'âge de la retraite et augmenté le nombre d'années de cotisation. Ce sont les régimes spéciaux les plus avantageux pour les travailleurs qui devraient être la règle. Mais le gouvernement compte sur la propagande contre les régimes dits spéciaux pour faire accepter aux cheminots l'amputation annoncée de leurs retraites.
Les retraites doivent être alignées sur le régime le plus avantageux et non le contraire ! Et c'est en se mobilisant que tous les travailleurs auront une chance de l'imposer, comme en 1995 et mieux qu'en 1995.