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Dans les entreprises
Paris : Les "motocrottes" font payer la SITA
En septembre dernier, les travailleurs de Ridalis, qui ont assuré le ramassage des crottes de chiens sur les trottoirs parisiens jusqu'en avril 2004, ont gagné un procès en appel contre leur employeur.
Celui-ci est une filiale de la SITA, la plus grosse entreprise de nettoyage de la région parisienne, liée à Véolia, ex-Vivendi.
L'affaire remonte à 2001 quand les 150 employés des deux garages, appelés par la presse "les motocrottes", se mettent en grève pour demander le paiement du temps d'habillage et de déshabillage. Dans celui du 14e arrondissement comme dans celui du 9earrondissement, c'est la majorité des travailleurs embauchés qui se mettent en grève avec l'aide des deux UL CGT. Ils se réunissent chaque jour en assemblée générale et décident ensemble des actions à mener: manifestations dans les rues de Paris, plusieurs interventions à la mairie du 9e et à l'Hôtel-de-Ville de Paris où ils demandent à être reçus par le maire, car ils estiment que leur employeur devrait être la Mairie de Paris.
Les grévistes n'ayant pas fait reculer la SITA sur l'essentiel, le responsable juridique de l'UL CGT du 14e leur propose de remplir des dossiers pour attaquer aux Prud'hommes. Car l'injustice de leur situation est évidente: le temps passé à se nettoyer, eux et leurs motos, est bien du temps de travail. Et, plus généralement, ils dépendent de la convention collective du nettoyage, comme les employés du ménage, alors que leur activité est bien plus proche de celle des éboueurs, la déchetterie, ce qui a une incidence sur le salaire.
Une cinquantaine d'entre eux attaquent donc aux Prud'hommes. Ils sont déboutés mais c'est en appel que l'affaire s'est conclue, en septembre: 40 travailleurs Ridalis obtiennent que la SITA soit reconnue comme leur employeur, ce qu'elle avait toujours refusé, qu'elle paye une demi-heure par jour de temps d'habillage et de déshabillage, qu'elle applique la convention collective de la déchetterie et qu'elle paye des dommages et intérêts, le tout pour 200000 euros, dont 100000 euros de salaires et dédommagements aux deux délégués CGT qui avaient été licenciés abusivement. Douze autres dossiers, de ceux qui ont été licenciés ou reclassés à la SITA, devraient être examinés par la justice en mai prochain.
Aujourd'hui, la filiale Ridalis n'existe plus que comme une coquille vide, car la Ville de Paris s'est débarrassée du marché des "motocrottes". Ce sont les nettoyeurs de la Ville qui font désormais ce travail.
Mais, sur les 150 employés du début, s'il en restait environ 80 après la grève, principalement du fait des fins de contrats des intérimaires, la moitié d'entre eux a été reclassée à la Ville de Paris ou à la SITA, ce qui n'était pas gagné d'avance. C'est bien parce qu'ils ont décidé de ne pas se laisser faire et se sont mis en grève que les travailleurs de Ridalis ont obtenu ce résultat, y compris sur le plan juridique.