Dans le monde

États-Unis : des élections entre les mains de la bourgeoisie

Le 8 novembre, les élections de mi-mandat aux États-Unis étaient marquées par le contexte de forte inflation pesant sur tous les salariés.

Certes les gesticulations politiques des républicains et démocrates ont occupé le devant de la scène médiatique. Mais la crise économique qui s’approfondit pour le monde du travail a bien plus de conséquences que le jeu de bascule entre les deux partis traditionnels de la bourgeoisie américaine.

Le processus électoral est solidement dans les mains de la bourgeoisie : 16,7 milliards de dollars ont été déversés dans le financement des campagnes des candidats républicains et démocrates : un record pour des élections de mi-mandat. Dans les élections les plus serrées, des entreprises ont adressé des dons aux deux adversaires pour être certaines d’avoir dans les institutions un représentant qui leur soit redevable, quels que soient les aléas du scrutin.

La progression des républicains à la Chambre des représentants va rendre la seconde moitié du mandat présidentiel du démocrate Biden plus compliquée. Pour ce qui est du Sénat, les résultats étaient encore incertains. Les républicains ont eu beau jeu de mettre la poussée inflationniste sur le dos de Biden, lui qui avait gagné l’élection présidentielle de 2020 en mettant tous les problèmes au compte des scandales, incohérences et grossièretés réactionnaires et racistes de la présidence de Trump. Mais les uns et les autres dédouanaient ainsi le capitalisme en crise.

Dans cette campagne, les républicains ont utilisé les immigrés comme boucs émissaires et ont flatté l’électorat bigot en prétendant que les enseignants apprenaient la masturbation aux enfants, ou toutes autres sortes de mensonges. S’ils ont pu progresser, c’est que les démocrates au pouvoir ont déçu leur électorat, même en tentant de se poser en défenseurs du droit à l’avortement.

En 2020, Biden avait promis de créer de « bons emplois avec de bons salaires ». Mais l’inflation ronge les salaires, qui sont de moins en moins « bons ». Les travailleurs les moins bien lotis doivent enchaîner deux emplois pour s’en sortir. En septembre, l’inflation était officiellement de 8,2 % sur un an. C’est une moyenne, car les prix de l’alimentation ont augmenté de 11,2 % et ceux de l’énergie de 19,8 %. En imposant cet été un prix record de 5 dollars le gallon (soit 1,30 euro le litre) pour l’essence payée à la pompe par les automobilistes, le pétrolier ExxonMobil a gagné 19,7 milliards au troisième trimestre.

L’aide massive de l’État fédéral aux entreprises pendant la période du Covid n’a pas cessé.

Elle a pris ensuite la forme de plans de relance de centaines de milliards de dollars qui dopent les profits et l’inflation. Par contre, la promesse du président démocrate d’augmenter le salaire minimum fédéral jusqu’au seuil de 15 dollars de l’heure – ce qui est très peu au regard de l’inflation actuelle – est restée une promesse… Biden se vante des créations d’emplois de l’économie américaine et d’un taux de chômage officiellement bas. Or il existe un chômage caché, du moins dans les statistiques : la proportion d’adultes participant au marché de l’emploi est toujours nettement inférieure à ce qu’elle était en 2019.

La pauvreté s’étend : sous l’effet d’un accroissement des inégalités sociales, le recul de l’espérance de vie, déjà perceptible avant la crise du Covid, s’est aggravé. Elle est inférieure de cinq ans à ce qu’elle est en France et place la population des États-Unis, pays le plus puissant de la planète, au niveau de celle de Colombie.

Confrontés à cette crise, les travailleurs n’avaient rien à attendre des deux grands partis en lice.

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