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- Lutte ouvrière n°2832
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Dans les entreprises
Michelin – Cholet : pour Noël, du chômage partiel
Depuis septembre, la direction de l’usine Michelin de Cholet, comme celle de Joué-lès-Tours, enchaîne les annonces de fermeture ponctuelle du site.
Les travailleurs ont appris d’abord que trois samedis ne seraient pas travaillés, puis tous jusqu’à la fin de l’année. Ensuite on leur a annoncé qu’il n’y aurait pas de travail non plus les jours fériés et que les ponts seraient obligatoires, contrairement aux habitudes dans cette usine qui, cet été encore, était restée ouverte le 14 juillet et le 15 août. Enfin les salariés ont été informés que le site resterait fermé les deux dernières semaines de décembre. Au total, cela fait plus de vingt jours de fermeture.
Évidemment, personne n’est opposé à des jours de repos, dans cette usine aux conditions de travail difficiles. Mais la facture est lourde pour les travailleurs. Après les avoir contraints à liquider leurs congés et leurs RTT, la direction a fait une demande de chômage partiel que l’État lui a obligeamment accordée. Pour les journées concernées, la paye sera donc de 73 % du net, un gros manque à gagner en cette période où les prix flambent. Sans compter qu’au passage ce sont les primes en tout genre qui sautent. Or leur montant n’est pas négligeable, le salaire d’embauche ne dépassant pas 1 450 euros net en 3x8.
Pour les actionnaires en revanche tout baigne. Le groupe a annoncé un chiffre d’affaires de 20,7 milliards d’euros pour 2022, en hausse de 20,5 % malgré une baisse des ventes. Il prévoit un bénéfice de 3,2 milliards, plus que l’an dernier où il se félicitait déjà d’une « super-performance ». Cela n’empêche pas le PDG, Ménégaux, de se lamenter. Il s’est récemment payé une campagne de presse, où les journalistes relaient moins les chiffres des profits que ceux des factures d’énergie du groupe, multipliées par trois. Pour la cuisson de ses pneus, Michelin en est réduit à remplacer le gaz par le fioul, et même le charbon. Pour un groupe qui se vante de ses futurs pneus « verts » ou du remplacement des ampoules classiques par des LED dans toutes ses usines, voilà qui est à rebours des ambitions écologiques affichées !
En attendant, la direction fait payer les aléas de ses commandes et les désordres du marché mondial aux ouvriers du site, en rognant sur leurs payes et en demandant tranquillement aux gouvernants de piocher dans les deniers publics, donc dans les impôts payés par les travailleurs, pour éviter aux actionnaires de payer les pots cassés de leur système en crise. Pour faire diversion, le directeur de l’usine alimente un climat d’inquiétude. Il explique que, pour la production prévue en 2023, les effectifs seraient de 25 % trop importants, une façon de justifier à l’avance d’éventuelles suppressions d’emplois. Il met en avant l’usine de Vannes, exemplaire selon lui puisqu’elle a supprimé la moitié des postes ces dernières années tout en maintenant la production. Faire produire autant par deux fois moins de monde, on comprend que cela fasse rêver cet exploiteur.
Les travailleurs n’ont pas à faire les frais de la guerre que Michelin mène à ses concurrents. Le patron a ses préoccupations, comme d’arracher des parts de marché à ses rivaux pour verser toujours plus de milliards aux actionnaires. Les travailleurs ont les leurs : toucher un salaire qui permette de vivre au lieu de survivre. Ainsi que l’ont rappelé les travailleurs de l’usine qui ont débrayé lors des récentes journées d’action, cela ne s’obtiendra pas sans lutte.