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- Lutte ouvrière n°2832
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Dans les entreprises
Pédiatrie : la rançon du pillage de l’hôpital
Le 23 octobre, le ministre de la Santé, François Braun, promettait 150 millions d’euros pour « soutenir les services en tension à l’hôpital ».
Quelques jours plus tard, le 2 novembre, il essuyait l’exaspération de professionnels de la pédiatrie venus à l’Élysée dire l’impossibilité dans laquelle ils se trouvent de soigner les enfants qui affluent dans leurs services.
Le ministre a alors rallongé la promesse, avec 400 millions d’euros censés venir en aide aux services pédiatriques. « Totalement insuffisant ! », répondent les professionnels. Et le ministre le sait pertinemment, lui qui va jusqu’à l’avouer lors d’une interview.
Mise en danger des enfants, transfert à des dizaines voire des centaines de kilomètres du domicile familial, tri des petits malades pour choisir lequel sera pris en charge en fonction de son âge et de la gravité de son état, parents paniqués, désespérés, personnel débordé qui vient au travail avec la boule au ventre et n’en peut plus, soins dégradés : telle est aujourd’hui la situation dans les services de pédiatrie. Hier, c’était la situation dans les services d’infectiologie et de maladies respiratoires, à cause du Covid, disait-on. Et demain quels seront les services en tension, et à cause de quoi ? Comme si l’hôpital n’était pas là justement pour soigner, pour assurer la santé publique.
De doctes serviteurs du gouvernement accusent la bronchiolite et son virus d’être la cause du débordement. Sauf que cette maladie est bien connue, les moyens techniques au service tant du diagnostic que du traitement sont bien établis. Mieux, elle survient chaque année à la même époque. Et il suffirait qu’elle ait quelques jours d’avance pour déborder tous les services hospitaliers ? C’est une ânerie doublée d’un gros mensonge.
La bronchiolite n’est pas la cause de la crise de la pédiatrie, elle n’est qu’un révélateur de plus de la crise de l’hôpital public. Les services de pédiatrie sont aujourd’hui au bord de la rupture parce que, depuis maintenant des dizaines d’années, les budgets alloués à l’hôpital sont en chute libre et le personnel de moins en moins nombreux.
La situation de l’hôpital public est à l’image de celle de tous les services publics. Par un jeu de transfusion, ils sont saignés pour permettre d’engraisser les grandes entreprises privées grâce aux aides de l’État servies par les gouvernements. Il n’y a rien à attendre du gouvernement. Seule la colère et la mobilisation du personnel hospitalier pourront ébranler cette politique.