Pandora papers : nouvelles révélations, vieilles pratiques13/10/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/10/2776.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pandora papers : nouvelles révélations, vieilles pratiques

Après l’affaire SwissLeaks en 2015, les Panama Papers en 2016 et les Paradise papers en 2017, voici donc les Pandora papers, nom de la nouvelle enquête d’un groupement international de journalistes (ICIJ) qui révèle comment de riches personnalités fraudent le fisc grâce à des montages financiers opaques.

Cette enquête est la neuvième du genre en dix ans. Après avoir épluché quelque 12 millions de documents ayant fuité, 600 journalistes de l’ICIJ rendent publiques les méthodes par lesquelles des chefs d’État, des dirigeants politiques, des personnalités du sport ou du show-business se débrouillent pour ne payer ni taxes ni impôts.

Parmi les personnalités épinglées, se trouvent le roi Abdallah II de Jordanie ou le Premier ministre tchèque Andrej Babis. On apprend que l’ancien ministre travailliste Tony Blair est passé par une société écran aux Îles Vierges britanniques pour s’offrir une belle propriété à Londres, en économisant 380 000 euros de frais. Dominique Strauss-Kahn, ex-directeur du FMI, ce qui en fait un bon connaisseur des rouages de la finance internationale, a établi une société de conseil à Ras al-Khaïma, aux Émirats arabes unis. À travers sa société, Parnasse international, il n’optimise pas seulement ses finances personnelles mais encore celles des présidents du Togo, du Congo-Brazzaville, du Sénégal et d’autres encore. Parmi les noms qui sortent de l’ombre, on trouve aussi Sylvain Maillard, député macroniste de Paris qui possède des parts d’une société basée aux Seychelles. Ce grand naïf affirme « tomber de sa chaise » : il aurait laissé son meilleur ami utiliser son nom et sa signature...

Les révélations de ces Pandora papers ont de quoi révolter car elles montrent comment des dirigeants politiques qui prêchent la rigueur et l’austérité aux classes populaires et se posent en pourfendeurs de l’exil fiscal, sont les premiers à en profiter. Mais elles ne doivent pas étonner tant l’opacité du monde des affaires et la complexité des montages financiers sont dans l’ADN du capitalisme. Scandale après scandale, les gouvernements et les institutions internationales prétendent mener la lutte contre le secret bancaire, la fraude ou l’optimisation fiscale. À chaque fois ils inventent de nouvelles lois, aussitôt contournées. Ainsi les Pandora papers révèlent aussi comment Philippe Houman, l’avocat de Jérôme Cahuzac condamné en 2018 pour fraude fiscale, s’est installé à Dubaï d’où il pilote de multiples sociétés délocalisées dans un paradis fiscal.

Pour récupérer les milliers de milliards volés aux travailleurs par toutes les couches de la bourgeoisie en passant par de multiples canaux, on ne peut pas compter sur les lois et les États. Il faut préempter ces richesses à la source, là où elles sont produites, placer les entreprises et les banques sous le contrôle direct des travailleurs qui les font tourner.

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