Afghanistan : le combat des femmes continue08/09/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/09/2771.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : le combat des femmes continue

« Il faut que les filles comprennent que c’est pour leur bien. » Ainsi s’est exprimé le ministre de l’Enseignement supérieur du nouveau pouvoir afghan, après avoir décrété les premières règles infâmes à l’encontre des femmes.

Qu’est-ce que le bien des filles, selon les talibans ?

Dans les universités privées, où les cours ont repris lundi 6 septembre, les étudiantes doivent être ensevelies sous une ample tunique noire les cachant de la tête aux pieds et doivent se couvrir d’un niqab, un voile masquant leur visage.

Il n’est pas question de classe mixte. Les femmes doivent étudier loin du regard des hommes, dans des classes réservées. Si elles sont peu nombreuses, elles peuvent être dans la même salle que les hommes, mais coupée en deux par une tenture.

Il n’est pas question non plus que filles et garçons puissent se croiser. Par conséquent les femmes doivent sortir des cours cinq minutes avant les hommes et attendre dans une salle que ces messieurs aient quitté les lieux.

Enfin, comble de la bêtise, de l’absurdité et du ridicule, les universités doivent recruter des enseignantes femmes pour les étudiantes. Certes, comme ces enseignantes ne sont pas assez nombreuses, ce pourront être des hommes, mais à la condition qu’ils soient, comme le précise le décret, « des enseignants âgés dont la moralité aura été passée au crible » !

Avant même la publication du décret, et dans les jours qui ont suivi, des reportages ont montré, à Kaboul, des manifestations de plusieurs dizaines de femmes exigeant le respect de leurs droits et prêtes, comme disait l’une d’elles, « à prendre des risques, plutôt que mourir à petit feu ». Avec détermination et courage, elles sont allées crier leurs revendications à la barbe des mollahs, avant d’être dispersées par les forces de police. « Nous devons pouvoir participer à la prise de décision, à la politique, à l’éducation, à l’emploi. Tout le monde ici a des droits. On ne peut pas rester à la maison et se taire. »

Ces vingt dernières années, des enseignantes, des étudiantes, des intellectuelles, des artistes, des femmes appartenant aux couches supérieures de la société ont acquis des droits, des libertés, un début d’égalité. Mais si, dans les grandes villes et surtout à Kaboul, une petite minorité de femmes a ainsi pu connaître une amélioration de ses conditions, ailleurs, dans les campagnes, il n’en a rien été. Ce n’était la préoccupation d’aucun des États impérialistes qui sont intervenus en Afghanistan, et qui se gargarisent aujourd’hui des mots de civilisation, liberté, démocratie, droits, égalité… Dans leur immense majorité, les femmes afghanes ont continué à subir la guerre, les bombardements, les exactions, la misère. Elles n’ont rien vu des milliards de dollars censés tirer le pays du sous-développement.

Maintenant, avec le retour des talibans, même les minces acquis qui concernaient une minorité de femmes sont remis en cause. Toutes seront de plus en plus soumises aux lois rétrogrades des barbares, à leurs exactions, à leurs crimes.

Celles qui se battent contre la réaction représentée par le retour des talibans méritent le soutien des femmes et des hommes du monde entier. Les États dits civilisés ne pourront jamais être une aide. C’est de la population afghane elle-même, y compris de ses couches les plus opprimées, que devront surgir les forces capables de mettre fin à l’arriération et au sous-développement.

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